La sortie convenue et formaliste de Max Anicet Koumba ne suffira pas à lever le doute sur la teneur des ses propos ©DR
Libreville, le 2 novembre 2021 (Dépêches 241). Après les propos tribalistes de Max Anicet Koumba à la tribune du Conseil national de la démocratie (CND) le 28 octobre, la lancinante question identitaire qui surgit à la veille de chaque élection présidentielle au Gabon refait étrangement surface. Malgré des excuses publiques telles que exigées par le ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha, le malaise persiste au sein de la classe politique et d’aucuns se demandent si en réalité, cette sortie n’avait pas été programmée par de vils esprits.
Max Anicet Koumba s’est-il excusé avec sincérité et pureté ou ses excuses en réalité ne sont frappées que du sceau de la convenance et du trompe l’œil ? Et si cette sortie du leader du parti du Rassemblement des Gaulois était loin d’être anodine mais savamment pensée et préparée avec des visées bien précises ?
Ce sont là des interrogations qui se font de plus en plus jour depuis le début de cette affaire qui étrangement, curieusement, étonnement, intervient à presque 1 an de la prochaine élection présidentielle. A-t-on choisi Marc Anicet Koumba pour animer et alimenter de façon pernicieuse et malsaine le débat sur le repli identitaire histoire de de faire chauffer la poudrière avant échéance ?
Des questionnement sous fonds de suspicions
Dans tous les cas, le timing de cette sortie interpelle à bien des égards, et l’opinion aurait mauvaise grâce de revêtir à cette sortie cette sortie les apparats d’un non-évènement, car, après ces propos tribalistes ténus à l’encontre de l’ethnie fang à la tribune du CND, le malaise persiste nonobstant les « sincères excuses » présentées par Max Anicet Koumba aux peuples gabonais et c’est pas souligner pas au peuple Fang indexé, outragé et offensé.
Ces propos « anti-républicains » ont fait réagir et résurgir dans le landerneau politique gabonais certains souvenirs enfouis, essentiellement malfaisants qui trouvaient leur origine dans les sables mouvants de l’ethnicité. Pour Raymond Ndong Sima ancien candidat à la présidentielle de 2016, les propos de Max Anicet Koumba « ne s’agissait-il peut-être pas d’ un dérapage, mais d’un coup de d’essai pour faire dérailler avant même qu’elle ne commence vraiment, la campagne à venir pour 2023 en l’envoyant sur une fausse piste comme en 2016 » résume-t-il.
Simple dérapage ou approche pensée, réfléchie et … commandée ?
Une pensée que partage l’opposant Alexandre Barro Chambrier. Ce dernier estimant que ces propos « nauséeux, haineux et tribalistes » tenus par Max Anicet Koumba « traduisent la marque d’un système politique usé jusqu’à la corde ». Pour le président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité, le pouvoir « manipule la fibre ethnique pour diviser le peuple afin de le détourner de l’alternance ». Quant au Parti démocratique gabonais, ces propos de Max Anicet Koumba sont simplement « inacceptable, indigne et dangereux ».
Pour mémoire, le 28 octobre dernier, le président du Rassemblement des Gaulois (RG) a déclaré que la communauté fang est le facteur bloquant du développement du Gabon. Des propos qui ressemblent à s’y méprendre à ceux déjà ténus en 2009 par un membre de l’opposition actuelle: le fameux « Tout sauf les fangs ». Le moins que l’on puisse dire c’est que le malaise persiste et l’unité nationale pourrait voler en éclat si rien n’est fait.
Rappelons que la question de repli identitaire a été au cœur des débats lors des élections présidentielles de 2009 et 2016. Mais il fait tout de même reconnaître qu’en dépit des divisions qui sont apparues au grand jour lors de ces précédentes élections, le Gabon reste viscéralement attaché à son unité nationale qu’il ne conviendrait pas de faire vaciller.