Libreville, le 9 mars 2022 (Dépêches 241). Parmi les personnalités qui ont intégré le gouvernement Ossouka Raponda II dévoilé hier soir, figure Jean Pierre Doukaga Kassa. Le 19 avril 2016, le nouveau ministre de l’économie numérique, à l’époque agent comptable de l’Assemblée nationale, avait été arrêté par les éléments de la Direction générale des recherches (DGR), avant d’être incarcéré à la Prison centrale de Libreville quelques jours plus tard. Il était accusé d’avoir subtilisé des documents comptables, dans l’objectif de masquer les détournements du président démissionnaire de la chambre basse du parlement, un certain Guy Nzouba Ndama.
Il est bien loin le temps où Jean Pierre Doukaga Kassa était en bisbille avec le pouvoir en place, pourfendu pour sa proximité avec Guy Nzouba Ndama et soupçonné par le régime d’Ali Bongo, d’avoir dissimulé des preuves des prétendus détournements de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Les faits sont têtus et l’histoire est parfois cynique. Le 19 avril 2016, Jean Pierre Doukaga Kassa, alors agent comptable de l’Assemblée nationale, est arrêté dans son bureau, à la suite d’une plainte du questeur de la chambre basse du parlement, Ferdinand Evariste Mbadinga Mombo, qui l’accuse d’avoir subtilisé des pièces comptables compromettantes contre Guy Nzouba Ndama. Interpellé puis placé en détention préventive à la prison centrale de Libreville, la société civile se mobilise les jours qui suivent, pour exiger la libération de Jean Pierre Doukaga Kassa.
L’affaire prend alors à l’époque, une dimension politique, car l’opinion publique établit une relation de cause à effet, entre l’arrestation puis l’incarcération jugées arbitraires de l’agent comptable de l’Assemblée nationale, et la démission du PDG de son mentor, Guy Nzouba Ndama, le 31 mars 2016. Lequel avait décidé de quitter le perchoir de l’Assemblée nationale, pour se porter candidat à la Présidentielle de la même année. La traversée du désert va durer environ 2 mois, plus que le 3 juin 2016, Jean Pierre Doukaga Kassa recouvre la liberté.
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Mieux, en octobre 2018, au terme des législatives, il est élu député du 1er arrondissement de la commune de Tchibanga, sous la bannière du parti Les Démocrates (LD), dont le président n’est autre que Guy Nzouba Ndama. L’homme siégeait donc à l’Assemblée nationale, avant d’être promu à la prestigieuse fonction de ministre de l’économie numérique, lors du remaniement gouvernemental annoncé par Rose Christiane Ossouka Raponda hier.
Une trajectoire connue et souvent fréquente dans la pratique politique gabonaise, assimilée pour certains à une manifestation du syndrome stockholm. Une promotion, par ailleurs, qui acte entre autres, le rapprochement de son mentor Guy Nzouba Ndama avec Ali Bongo Ondimba, et qui remet nettement en cause le positionnement du parti politique Les Démocrates (LD) à l’orée de la prochaine élection présidentielle.
