Libreville le 8 avril 2022 – ( Dépêches 241). Rendu public le 25 mars dernier par la société civile, le rapport sur l’utilisation d’une partie de manne financière relative à la gestion des fonds Covid-19 a choqué l’opinion au regard des révélations faites par le Copil Citoyen, des montants décaissés et de la façon avec laquelle, ils ont été utilisées. Des révélations qui manifestement ne semblent pas interpeller le couple Erline Antonelle Ndembet/ André Patrick Roponat. Lesquels curieusement se sont vautrés dans un silence assourdissant, préférant faire la sourde oreille devant ce qui pourrait être l’un des plus grands scandales financiers de notre pays.
Le 25 mars dernier le Copil Citoyen a rendu public l’enquête qu’elle a mené sur la gestion des fonds covid-19 après un travail d’orfèvre réalisé sur un peu plus de 2500 documents audités pour Geoffroy Foumboula Libeka. Lesquels documents composés de factures, justificatifs et ordonnances de paiement qui à l’épreuve de l’analyse, ont fait apparaître des anomalies criardes qui peuvent faire prospérer l’idée de détournement et de malversation financière dans les fonds décaissés pour lutter contre le coronavirus.
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Des curiosités relevées pour exemple dans ces facturations et montants mobilisés pour les conférences de presse gouvernementales organisées à l’immeuble Arambo notamment. Selon l’acteur de la société civile Geoffroy Foumboula Libeka « 91.315.840 FCFA soit 72,30% des dépenses en logistiques ont été affectées à la location par le COPIL d’une enceinte, jeux de lumières et sono pour l’organisation de 4 conférences de presse à Arambo », a indiqué le Copil Citoyen. Plus grave, la location d’une sono dans le cadre d’une des ces conférences a été facturée à 19 millions et réglée deux fois pour la même prestation.
Mieux, dans le cadre de la restauration des malades testés positifs à la covid-19, sur les 800 millions décaissés pour cette branche, plus de 90 % soit près de 700 millions ont été versés à une seule structure à savoir le Mayenna Food. Des incohérences grossières qui font clairement présager des suspicions de détournement de fonds et surfacturation. Les mêmes faits qui ont conduit des hommes comme Magloire Ngambia à « Sans famille » dans l’affaire Guido Santullo.
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Autant d’éléments, qui normalement doivent mettre en alerte la justice gabonaise dont le parquet de la République par le biais de la procédure inquisitoire notamment, laquelle permet au ministère public de s’autosaisir à travers le juge d’instruction et la force publique qui initient des enquêtes pour trouver des preuves. Pourquoi André Patrick Roponat et Antonella Ndembet n’y portent-ils aucun regard ? Est-ce parce que l’un de leur collègue est clairement mis en cause ? La justice gabonaise n’est effective que pour les pauvres et accessoirement pour mettre hors de danger des potentiels adversaires politiques ?
A l’heure de la politique de Tolérance Zéro concernant les faits de détournements de malversations financières, imposée par le président de la République, à l’heure des audiences des acteurs tombés sous le coup de l’opération scorpion, écroués pour des faits similaires, il est inconcevable que le parquet ne jette aucun regard sur les révélations de la Société civile. Au risque de faire prospérer l’idée selon laquelle au Gabon, la justice est instrumentalisée, aux ordres et dressée uniquement ou essentiellement pour régler des comptes des adversaires politiques du locataire du palais du bord de mer.