Le débat de Missélé eba’a: Une tension désormais perceptible au sommet…

Existerait-il des tensions internes au sein du PDG ©DR

Libreville, le 20 mai 2021 (Dépêches 241). Dans une tribune que nous publions in-extenso, Télesphore Obame Ngomo livre son analyse sur la cérémonie d’appel à la candidature d’Ali Bongo Ondimba pour la prochaine élection présidentielle, qui aurait dû être organisée à Nzeng Ayong mais qui a finalement été annulée sous la pression du Parti Démocratique Gabonais. 

Que retenir sur la fameuse cérémonie d’appel à la candidature du président de la République, Ali Bongo Ondimba qui devrait  avoir lieu, au quartier Nzeng-Ayong.

D’abord, on suppose que les initiateurs de ce projet appartiendraient soit au parti démocratique gabonais (PDG), soit à la majorité républicaine pour l’émergence. Par conséquent, il suffirait juste de se conformer aux textes constitutifs de ces différents regroupements politiques pour savoir quelle est la conduite à tenir. Pourquoi alors une telle cérémonie aux allures de frappe?

Selon les recherches effectuées, il ressort que le président de la République serait le candidat naturel, et du PDG et de la majorité républicaine pour l’émergence. De ce pas, à quoi servirait encore une énième foire onéreuse après le cinéma hypocrite organisé dans les différentes provinces du pays lors du 12 mars en différé? Les chiffres de l’élection présidentielle d’août 2016 dans chaque région du Gabon sont publics. Donc, trêve d’opportunisme voire d’escroquerie.

Ensuite, on ne révèle aucun scoop ou ne fait aucun procès à quiconque si on dit de manière responsable qu’Ali Bongo Ondimba a eu deux mandats à la tête du Gabon qui méritent d’être appréciés avec lucidité et patriotisme. Le Gabon d’abord de nos pères fondateurs doit toujours être honoré surtout lorsque nous devons poser un acte qui vise le développement du pays ou l’épanouissement de ses populations.

La matérialisation des neuf axes contenus dans le projet de société “l’avenir en confiance” présenté en 2009 avait été jugée insuffisante par le président de la République lui-même en 2016, au cours de sa campagne électorale, au regard des critiques objectives qui lui étaient fréquemment posées. Toutefois, il sollicita néanmoins l’indulgence des populations et promettait d’éviter les erreurs du passé une fois installé.

Aussi, Ali Bongo Ondimba articula pour cette fois-ci son ambition politique autour de “l’égalité des chances”, ce projet que nous avons courageusement porté quand bon nombre de vendeurs d’illusions et de tire-au-flanc avaient complètement disparu. Et dire qu’ils avaient allègrement bénéficié des largesses du pouvoir et du président de la République durant tout son premier septennat. Aujourd’hui, les mêmes abonnés absents aux temps difficiles osent bomber le torse et l’ouvrir en public. Quelle honte cette vulgaire imposture.

A peine l’ambition annoncée, deux ans seulement après, Ali Bongo Ondimba fut foudroyé par un accident vasculaire cérébral hémorragique. Un véritable drame qui venait remettre en cause toute son ambition pour la suite. Autrement dit, rien qu’avec cette situation grave, le Gabon était contraint de vivre au rythme de l’évolution de l’état de santé du président de la République. Ce qui favorisa un retard conséquent dans la mise en œuvre du projet proposé.

A peine les évolutions sanitaires du chef de l’État s’annonçaient de plus en plus rassurantes, que le covid-19 apporta avec lui son lot de difficultés plongeant ainsi le Gabon dans un profond désarroi. Un malheur n’arrivant jamais seul, les nouveaux maîtres du palais présidentiel, au lieu de tenter de rattraper le retard accumulé en vue de la concrétisation du projet “l’égalité des chances”, préférèrent nous servir pendant près de deux ans les effets de leur divorce avec Brice Laccruche Alihanga qui d’ailleurs est en passe de les emporter.

Ce décor posé, il était quasiment devenu impossible à Ali Bongo Ondimba de tenir les promesses faites aux gabonais durant la campagne électorale de 2016. A ce jour, en dehors des pavés dangereux posés sur le bord de mer, de la passerelle inachevée du lycée d’état et des travaux interminables du boulevard triomphal, qu’est-ce que ces gens qui plébiscitent Ali Bongo Ondimba auront à proposer aux gabonais pour négocier un troisième mandat? A cela s’ajoute son état de santé fragilisé.

En observant le comportement malsain de ceux qui promettaient à Ali Bongo Ondimba un score de 70% au premier tour en août  2016 et celui affiché par les mêmes quasiment en 2022, alors qu’il est souffrant, on a envie de dire ” pourquoi et comment on peut autant détester un individu et le Gabon avec?”. Qu’est-ce qui peut justifier la volonté pour certains de voir Ali Bongo Ondimba briguer un troisième mandat dans les conditions énumérées si on ne navigue pas en pleine sorcellerie?

Le parti démocratique gabonais (PDG) a eu raison de couper court en s’offrant une démarche, certes antidémocratique, mais humaine et responsable qui a consisté à tuer ces séances d’escroquerie à grande échelle. Il s’agit là, ni plus, ni moins, d’un abus de confiance effectué sur une personne souffrante. C’est le cas de le dire. Dès cet instant, osons croire que la supercherie des organisateurs ayant été démasquée, ils transformeront leur affaire d’appel  à la candidature d’Ali Bongo Ondimba en concert de quartier.

Dans le même état d’esprit, on ne peut que saluer la distance prise par les responsables du PDG lorsqu’il s’est agi de l’idée farfelue d’organiser le 24 mai prochain une marche contre la présence de l’armée française au Gabon. Les auteurs d’un tel projet peuvent-ils nous dire quel est le problème qui existerait entre nos deux pays pour justifier une telle démarche bancale?

A ce niveau, nous regrettons le silence incompréhensible du gouvernement qui gagnerait à travailler plus que jamais pour l’avenir. La démarche a été rendue publique. Par conséquent, sa mission de garant de l’ordre public aurait dû l’amener à rassurer le partenaire accablé. Mais hélas…

En définitive, on peut clairement dire que les deux projets annoncés tendent à être des morts nés pour le grand bonheur des patriotes qui refusent que la chienlit s’installe dans notre pays. C’est dire qu’il y a bien une sérieuse tension au sommet de l’État entre les différents acteurs car, de telles organisations ne peuvent se faire sans le blanc-seing des faiseurs de roi qui, progressivement, sont poussés vers la porte de sortie.

La République triomphera toujours.

Par Télesphore Obame Ngomo

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