Libreville le 23 mai 2023 – ( Dépêches 241). La diversification de l’économie gabonais, cette initiative présentée au début de septennat d’Ali Bongo Ondimba comme la pierre angulaire de son projet de société « L’avenir en confiance », n’est aujourd’hui qu’un voeux pieux, une volonté de façade au regard des réalisation sur le terrain mais surtout du montant alloué pour sa matérialisation dans le cadre de la Loi de Finance Rectificative. Un montant qui présume de la fausseté des ambitions gabonaises sur la question et de la fumisterie d’un projet rangés dans les tiroirs poussiéreux des échecs successifs des plans initiés par l’exécutif.
55.861.335.543 FCFA pour réhabiliter, construire et équiper les centres pénitenciers et les sièges des institutions et de l’administration. 21.996.642.223 FCFA pour « poursuivre la diversification de l’économie en améliorant le climat des affaires et en investissant dans les secteurs à fort potentiel de croissance économique », soit moins de la moitié comme indiqué dans l’annexe des investissements adossé à la LFR 2021. Ces sommes témoignent s’il le fallait, de l’absence de volonté de la part de l’exécutif, d’intensifier les réformes visant à « transformer » notre économie. Alors même que depuis deux ans, le pays dispose d’un Plan d’Accélération de la Transformation (PAT).
En effet, conçu pour « accompagner le gouvernement du Gabon dans la mise à jour et l’accélération de son plan stratégique afin de répondre aux défis économiques et sociaux tout en tenant compte du contexte post-COVID-19 », ce PAT aux allures de miroir aux alouettes et qui peine pour l’heure à se fixer une véritable ligne directrice, semble éloigné des nombreuses dépenses effectuées par notre gouvernement. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné à demi-mot, le chef de la délégation du Fonds Monétaire international (FMI) au sortir de sa récente mission.
Entre exonérations fiscales toujours aussi importantes et entraînant une « sous performance des recettes hors pétrole et un niveau plus élevé que prévu des subventions compte tenu du blocage des prix des produits pétroliers à la pompe » comme indiqué par les services du FMI, réformes structurelles au ralenti, climat des affaires toujours aussi délicat et ne favorisant pas le développement du secteur privé, difficile d’imaginer le pays sur la voie de la transformation à l’horizon 2025, encore moins sur la voie de la diversification. Or, celle-ci, dans un contexte de mutation économique, s’avère plus que jamais nécessaire.
Multipliant les arbitrages plus que douteux à l’image des 15.000.000.000 FCFA décaissés au profit de « l’équipement des forces de défense » ou encore les 8.500.000.000 FCFA alloués à l’assemblée nationale, contre à peine 200.000.000 FCFA pour le développement du « Tourisme » ou encore 100.000.000 FCFA pour « l’urbanisation et l’aménagement du cadre de vie des populations », le gouvernement s’emmure donc dans une stratégie illisible. Une stratégie qui pourtant avait déjà mis en échec, avant le PAT, le Plan Stratégique Gabon Emergent ( PSGE) et le Plan de relance de l’Économie ( PRE ). Toute chose, une fois encore, une fois de trop, qui ne cadre pas avec la volonté clamée de transformer notre économie par le président de la République, Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. .
Avec une population de plus en plus précarisée et laissée pour compte, une jeunesse majoritairement diplômée mais abonnée au chômage, une économie atone et un niveau d’endettement inquiétant, difficile pour les populations d’y voir clair. A quelques mois de l’élection devant désigner le prochain président, ces sujets auront sans nul doute leur importance. Quoi qu’il en soit, au Gabon, la diversification de l’économie c’est pas pour demain.