Libreville le 02 mai 2023-(Dépêches 241). La banque française BNP Paribas mise en examen dans le volet gabonais de l’affaire des biens mal-acquis, est « accusée d’avoir fermé les yeux sur l’origine douteuse de la fortune de la famille Bongo ». Un procès serait sur le point de s’ouvrir dans l’hexagone.
C’est une enquête au long cours, débutée il y a plus d’une décennie, après les plaintes des ONG Sherpa et Transparency International. En effet, la banque française BNP Paribas, qui a récemment été mise en examen, est « accusée d’avoir fermé les yeux sur l’origine douteuse de la fortune de la famille Bongo», rapporte la presse hexagonale. Le patrimoine accumulé par la famille Bongo en France est colossal. « Trois hôtels particuliers dans les 7ème, 8ème et 16ème arrondissements de Paris. Des appartements à la pelle sur les avenues Foch, Raymond Poincaré ou Victor Hugo. Sept villas sur les hauteurs de Nice.», recensés par les ONG.
Selon la justice française, BNP Paribas aurait contribué au blanchiment d’« au moins 35 millions d’euros ». Un montant déposé en espèces à l’établissement par Omar Bongo lui-même où par ses proches au cours de plusieurs années. Si la banque française a reconnu des « carences », elle n’admet pas avoir eu connaissance de ce que la famille Bongo « tirait les ficelles » du circuit financier et ignorait que l’argent provenait de potentiels détournements de fonds publics gabonais. Selon Mediapart, qui suit de très près cette affaire, ces biens auraient été en partie acquis grâce aux opérations de corruption de l’ancien président Omar Bongo. Il est en effet établi que ce dernier tirait profit à titre personnel, d’une importante manne issue des recettes pétrolières du pays.
Après la mise en examen de BNP Paribas, l’affaire des biens mal-acquis a connu un nouveau rebondissement avec la mise en examen de quatre enfants d’Omar Bongo entre le 25 mars et le 5 avril 2022, pour recel de détournement de fonds publics, de corruption active et passive et d’abus de biens sociaux. Il s’agit de Grâce, Betty, Arthur, et Hermine Bongo, frères cadets du chef de l’État Ali Bongo, lui-même également cité dans cette affaire. Raison pour laquelle en 2016, des biens immobiliers à Paris et Nice, appartenant à Ali Bongo, avaient été saisis.
Le Palais présidentiel de Libreville s’est rarement exprimé sur le sujet, alors que l’instruction doit bientôt s’achever. BNP Paribas se rapproche inexorablement d’un procès.