Libreville le 2 juin 2023 – (Dépêches 241). À l’occasion de son déplacement dans les communes d’Owendo puis d’Akanda relatifs à sa tournée républicaine, le président de la République, a annoncé vouloir remettre le pays au travail dans l’optique d’un nouveau quinquennat. Une formule déjà utilisée 14 ans avant quand Ali Bongo Ondimba briguait pour la première fois les suffrages des Gabonais. Une nouvelle déclaration qui devrait sans doute faire à nouveau des émules.
Nous sommes le 5 août 2009. Ali Bongo Ondimba candidat à l’élection présidentielle anticipée est à Ntoum en campagne électorale. Suivi par la télévision nationale, celui qui porte la candidature du parti au pouvoir tient un discours tranché, un discours de rupture. Le Gabon doit changer. Il faut mettre un terme au désordre et à la gabegie qui règnent. Et pour ce fait, il se présente aux Gabonais comme l’homme providentiel. Il propose d’ailleurs une formule assez classique qui trahit à l’époque, l’inconsidération qu’il avait pour la gouvernance de son père. « Mettre le pays au Travail ». Ce qui suppose que sous les différents magistère d’Omar Bongo Ondimba, le Gabon n’a toujours pas eu en priorité le travail.
Pour Ali Bongo Ondimba, qui fait à cette époque la promotion de son projet de société l’Avenir en Confiance, il est temps pour le Gabon de changer, de muter et d’impulser son voyage vers l’émergence. Et pour ce faire, l’homme souhaite faire du nettoyage et ainsi collaborer avec « des hommes et des femmes valeureux, courageux et qui ont décidé d’arrêter avec le désordre et de remettre le pays au travail », déclare t-il. Ali Bongo en est certain et convaincu, avec lui à sa tête, le Gabon se transformera. Il clame d’ailleurs avec une certaine assurance. « Et je vous le dis hein…. On remet le pays au travail. A la fin du Septennat, vous verrez où on sera. Ça n’a rien à voir… », poursuivait-il.
En roue libre, le fils d’Omar Bongo identifie le défi à relever pour sortir le Gabon du marasme dans lequel il se trouve. « Le défi est très simple. Nous avons trop d’argent que l’on dépense par rapport à ce que nous mettons dans l’investissement. Il faut renverser la tendance… il faut renverser la tendance. Réduire les dépenses et mettre plus d’argent dans l’investissement », ajoute-t-il.
14 ans après, le Gabon n’a toujours pas émergé. Cette émergence vantée, criée à hu et à dia n’était-elle finalement qu’un leurre ? Les 5000 logements promis n’étaient que mirage. Une piperie insondable. Aucune université construite, le réseau routier gabonais est en piteux état. La dette du Gabon est de plus de 7000 milliards. L’aéroport promis de façon démagogique au détour d’un voyage à Dakar n’est jamais sorti de terre. La transgabonaise dont la livraison a été annoncée pour 2023 ne l’est toujours pas. Au niveau infrastructurel, c’est le néant. Que dire de l’agence Nationale des Grands travaux ? Ce bras séculier de l’Etat gabonais en matière de gestion, de construction et d’entretien d’infrastructures qui n’a rien fait sortir de terre mais, qui s’est surtout fait connaître par des scandales de malversations financières inouïes. En 14 de gouvernance le Gabon n’a pas progressé d’un iota. D’aucuns estiment même que sous Ali Bongo Ondimba leur condition a empiré.
Pourtant à l’orée d’une nouvelle élection présidentielle pour laquelle Ali Bongo Ondimba ne cache plus son intention de briguer un 3e mandat, l’homme entend toujours mettre le Gabon au travail. C’est du moins le discours qu’il a tenu à Owendo dans la cadre de sa tournée républicaine. « Tout le monde va travailler. Le pays d’aujourd’hui va se mettre au travail. Deux fois plus qu’hier et tout le monde va travailler », a-t-il déclaré au complexe sportif Léon Augier.
Une déclaration une énième fois hors du temps qui consacre la teneur des propos à la lisière de la confusion souvent tenus par le Chef de l’Etat. En l’écoutant, tout semble figé dans le temps pour le président de la République. Ali Bongo ne semble pas se rendre compte que ses prises de paroles sont aussi lunaires les unes que les autres. Qu’a-t-il fait pendant 14 ans pour penser à nouveau, à remettre le pays au travail au terme de ses deux magistères ? S’il a été incapable de remettre le pays au travail après plus de 10 ans au pouvoir, par quel extraordinaire réussira t-il à le faire en 5 ans ?
En réalité, sans s’en rendre compte, le fils d’Ali Bongo Ondimba entérine l’idée que ses 14 ans de gouvernance à la tête du Gabon sont un échec manifeste. Pour s’en convaincre, il suffit de lire ce qui pour le numéro un Gabonais, constitue la fierté de ses deux magistères à la tête du Gabon. Il s’en est confié à Jeune Afrique, il s’agit du programme Gabon-Égalité et la lutte contre la protection de l’Environnement. Grotesque !