Libreville le 5 juin 2023 – (Dépêches 241). Suspendu depuis près d’un mois faute de financement, le championnat national est toujours à l’arrêt et rien ne semble faire prospérer l’idée d’une sortie de crise. Une idée de financement, c’est ce que propose le vice-président du CF Mounana, Blanchard Andoume à travers une interview accordée à notre rédaction. Ce dernier estime qu’une taxe sur les boissons alcoolisées et commercialisées par la Sobraga suffira à financer intégralement le championnat national de 1ère et 2eme division.
Dépêches 241: Le championnat national de 1ere et 2eme division est arrêté depuis près d’un mois, en tant que dirigeant de club quel est votre sentiment ?
Blanchard Andoume: « Il est évident que la suspension du National Foot qui en réalité n’a surpris personne, car on s’y attendait malheureusement, fait très mal à notre football. Plus largement, cet arrêt fait mal à nos athlètes à qui la Covid-19 avait déjà imposé un arrêt du fait de la pandémie. Elle met surtout à nu les approches inopérantes prises jusque-là par les acteurs de notre football. Il est donc impératif que les acteurs de tous bords réfléchissent ensemble au mécanisme de financement susceptible de sortir le football local de cette impasse »
Dépêches 241: Avez vous des idées, des propositions de sortie de crise pour favoriser l’organisation d’un championnat de qualité et sans interruption ?
Blanchard Andoume: « Pour être attrayant et mature, notre championnat doit impérativement se jouer sans interruptions. Nos athlètes seront ainsi compétitifs et cette régularité fera nécessairement émerger d’autres talents, créer de l’émulation et donc des potentialités pour nos sélections nationales. C’est, à mon sens, la condition sine qua non pour attirer des sponsors capables de participer au financement de notre championnat. Pour sortir de la crise, je propose un schéma qui peut être amélioré par les acteurs de tous bords. Je pense qu’il faut mettre en place une organisation idoine et un financement durable des championnats D1 et D2 du Gabon. L’Etat, la Linafp et l’association des clubs doivent faire des propositions pertinentes à l’Etat via le Ministère des Sports ».
Dépêches 241: Votre approche est jusque-là très théorique, elle ne permet pas d’avoir une idée claire de comment vous concevez un financement adéquat du National Foot. Objectivement et de façon pragmatique, que préconisez-vous ?
Blanchard Andoume: « Parmi les propositions que nous pouvons mettre sur la table, il y a la possibilité de financer notre championnat par les consommateurs des boissons alcoolisées vendus par la sobraga. Je vous explique: Pour que les championnats professionnels se jouent de bout en tout, sans suspension, sur une période de 9 mois, il faut réunir sensiblement 3,5 milliards: 1 milliard affecté à l’organisation du championnat par la Linafp et son fonctionnement et 1,5 destinés aux frais liés à la mutualisation ( frais d’hébergement, de restauration, de transport, salaires des joueurs et entraîneurs. Le milliard restant servira à financer intégralement la subvention accordée aux clubs »
Dit autrement, avec le concours de la Sobraga, celle-ci peut facturer en sus la somme de 50 fcfa sur chaque bouteille alcoolisées vendues à des distributeurs agréés puis reverser au plus tard le 10 du mois prochain le montant total à un fond dédié pour la relance du football. En moyenne, Sobraga vend 8 millions de boissons alcoolisées si on applique 50 fcfa sur chaque bouteille, on se retrouve avec un montant de 400 millions le mois lequel multiplié par 9 mois donnent 3,6 milliard. Un montant suffisamment conséquent pour financer le championnat D1 et D2 »
Dépêches 241: Une telle manne financière exige que soit installés en amont des mécanismes de contrôle rigoureux aux fins de s’assurer de l’usage et de l’affectation de ces fonds ? Que prévoyez vous pour remédier à cette situation ?
« La Linafp doit se concentrer uniquement sur l’organisation efficiente du championnat. Elle n’a pas à gérer le mécanisme de la mutualisation. Je propose qu’un comité de gestion de la mutualisation soit mis en place avec des profils évidents dans le cadre de la gestion des pôles hébergements, restaurations , transport et gestion comptable des paiements des salaires des joueurs et entraîneurs.
Un autre comité de gestion du fond de la relance du football (FRF) doit ensuite être mis en place. Celui-ci doit être composé des profils financiers qui accueilleront les versements faits par la Sobraga, laquelle se chargera d’affecter les paiements nécessaires à la Linafp, aux clubs et ceux liés aux dépenses du comité de mutualisation. Le ministère pour sa part, assura ainsi le contrôle de la bonne gestion des fonds alloués au Fond de la relance du football (FRF).
Je fais noter que les 50 fcfa ne sont pas supportés par la Sobraga mais par les consommateurs des boissons alcoolisées de la société de brasserie. Les grossistes feront supporter cela aux détaillants et les détaillants aux consommateurs finaux. Les consommateurs des boissons alcoolisées seront les bailleurs de fonds du football. La participation de la sobraga dans ce schéma peut lui donner le droit au naming du championnat ou à la priorité sur la visibilité »