Libreville, le 7 juillet 2023 – (Dépêches 241). Dénonçant le grand remplacement des Gabonais du reste précarisés, Jean Boniface Assélé, président du Centre des Libéraux réformateurs et ancien ténor de la majorité, a officialisé ce jeudi à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Libreville, sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Une preuve manifeste que le clan Bongo est aujourd’hui en proie à des divisions profondes à la veille des prochaines élections générales.
Il est bien loin le temps où Jean Boniface Assélé organisait un congrès extraordinaire du Centre des Libéraux Réformateurs (CLR), pour soutenir l’investiture d’Ali Bongo à l’élection présidentielle. Entre 2016 et 2023, les positions se sont distordues et les divisions ont émergé pour finalement exploser au grand jour et faire état d’un malaise certain, d’une désunion manifeste. Preuve manifeste de cette réalité implacable, l’officialisation ce jeudi, au cours d’une conférence de presse de la candidature de Jean Boniface Assélé à la prochaine élection présidentielle, prévue au mois d’août.
Ce qui jusqu’ici était inimaginable semble en passe de se produire. Le patriarche de la famille Dabany qui hier clamait avec zèle son soutien à son neveu, Ali Bongo Ondimba, pourrait faire partie de la longue liste de ses adversaires politiques lors de la prochaine élection présidentielle. Un adversaire qui dénonce avec véhémence les travers du régime cornaqué par un homme avec qui il est pourtant lié par le sang. « Les images qui défilent montrant un président de la République hyper-actif et présent sur tous les terrains ne sont que l’arbre qui cache la forêt des souffrances qui attendent les Gabonais dans les prochains mois » déclare Jean Boniface Assélé qui s’insurge en outre contre le « Grand remplacement » des Gabonais par des étrangers qui discrètement s’accaparent les postes de souveraineté.
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À rebours du magistère d’Omar Bongo où la famille constituait un véritable rempart pour le Chef de l’Etat, Ali Bongo semble lui délaissé par les siens, ce, d’autant plus que Jean Boniface Assélé n’est pas le seul membre du clan présidentiel à s’être détourné de l’ancien ministre de la Défense nationale. En 2016, Léon-Paul Ngoulakia avait pris le chemin escarpé de l’opposition, tout comme plusieurs figures importantes de la famille présidentielle se sont effacées de la vie politique quand elles n’ont pas pris leur distance avec les ors de la République. C’est le cas de Pascaline Bongo, Frédérique Bongo, Idriss Ngari et de nombreux autres qui paraissent de moins en moins engagés pour la cause familiale.
Reste à savoir si les anciens « fils spirituels » d’Omar Bongo, de retour à la maison du Père, sauront compenser le vide laissé par les membres de la famille présidentielle. Rien n’est moins sûr, car de l’avis de certains observateurs avisés, le retour au Parti Démocratique Gabonais de Jean Eyeghe Ndong, René Ndemezo’o Obiang et les autres est motivé non pas par de véritables convictions politiques, mais par la volonté de retrouver un confort matériel et financier qu’ils avaient naguère perdu du fait de leur passage dans les rangs de l’opposition.