Présidentielle 2023: la fin de la majorité présidentielle précipitée par le bulletin unique met-elle en danger Ali Bongo ?

L’exclusion des partis de la Majorité présidentielle de la campagne d’Ali Bongo pourrait couter cher au candidat PDG © montage Dépêches 241

Libreville, le 21 août 2023 – (Dépêches 241). En dépit de la vague de contestations qu’il a suscité, le bulletin unique a finalement été introduit dans le processus électoral. Ainsi donc, lors des prochaines élections générales, les Gabonais voteront, pour le compte des scrutins uninominaux, des tickets président de la République-Député. Un fait inédit, qui pourrait signer de facto l’acte de décès de la majorité présidentielle et de tous les autres regroupements politiques désormais contraints, de faire un choix entre leur propre ambition et celle d’un Ali Bongo qui ne leur a servi que condescendance, humiliation et inconsidération depuis l’ouverture de la campagne électorale. 

La Cour constitutionnelle a récemment mis fin à un long feuilleton. Marie Madeleine Mborantsuo et ses acolytes, ont décidé de rejeter le recours visant l’annulation du bulletin unique, qui avait été  introduit à son greffe par plusieurs acteurs de la société civile, soutenus par des personnalités politiques, du reste candidates aux législatives. Conséquence, comme l’avait préconisé le CGE, les Gabonais qui seront appelés aux urnes le 26 août prochain, seront contraints, de voter en ce qui concerne les scrutins uninominaux, des tickets président de la République-Député. 

Une nouvelle formule de vote, que le président du Centre Gabonais des élections a tenu à expliquer à ses compatriotes lors d’une émission télévisée diffusée sur les antennes de la télévision nationale. « Désormais, avec le bulletin unique, si vous votez pour un parti politique X, et que ce parti présente un candidat à l’élection présidentielle et un candidat aux élections législatives, en votant l’un, vous votez l’autre » a déclaré Michel Stéphane Bonda avant de préciser que « le bulletin unique, lie le destin du Président de la République à celui du Député, tous les deux étant membres de la même formation politique et ayant en commun un projet politique » a-t-il ajouté. 

Seul hic, cette nouvelle formule de vote pourrait avoir pour conséquence de dissoudre de façon tacite les regroupements politiques y compris la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence. Ce d’autant que tous les candidats qui se dresseront contre le ticket Ali Bongo et son député seront de facto des opposants en ce que s’ils l’emportent dans les urnes, ils priveront le président de la République sortant des voix nécessaires pour sa réélection pour un troisième mandat à la tête du pays. Dans le même sens, en laissant prospérer cette argutie de Michel Stéphane Bonda, du reste proche du pouvoir en place, Ali Bongo a mis dos au mur les formations politiques qui naguère l’ont souvent soutenues. En investissant des candidats de sa formation politique sur les sièges de ses anciens alliés, le candidat président a fait le choix ingrat de « jouer solo » en privilégiant son parti et en écrasant ceux de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence. 

Ainsi, de façon concrète, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Hervé Patrick Opiangah, candidat aux législatives au siège unique du Département de la Lembombi Leyou pourrait devenir un adversaire du Parti Démocratique Gabonais nonobstant l’appartenance de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale à la majorité, du fait de l’introduction du bulletin unique. Il en est de même pour le Bloc Démocratique Chrétien (BDC) de Claudine Ayo veuve Mavioga ou encore Florentin Moussavou du parti Conscience et Action Citoyenne (CAC). Devant l’arrogance, l’irrévérence et le mépris qui leur a été servi par le parti démocratique gabonais (PDG), nul doute que ces partis de la majorité d’ordinaire acquis à cause d’Ali Bongo Ondimba pourraient privilégier leur propre parti politique au détriment de celui du président sortant.

Une incongruité qui met une nouvelle fois à nu les contradictions contenues dans l’introduction du bulletin unique dans le processus électoral. Un bulletin unique qui révèle, en outre,  l’égoïsme du Parti Démocratique Gabonais qui semble animé par la volonté de rompre les accords qui le lient aux autres formations politiques de la majorité pour s’arroger seul le pouvoir. Gare toutefois au retour du bâton, car ce bulletin unique pourrait avoir comme effet de mettre à l’amende le système Bongo-PDG.

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