Transition au Gabon: Des décisions pragmatique qui invitent le classe politique au dépassement 

Pablo Moussidjo Ngoma dans cette tribune livre son appréciation de la transition en cours au Gabon © DR

Libreville, le 5 septembre 2023 -(Dépêches 241). Qu’on l’appelle coup d’État ou révolution de palais, le plus important c’est l’adhésion populaire qui voit en ce geste des militaires, une sorte de libération.Les spécialistes des sciences politiques savent parfaitement que chaque système détient les germes de sa propre destruction.  Le Gl Oligui Nguema , l’homme fort du Gabon qui assume parfaitement ce geste salvateur, n’est pas un novice des arcanes du pouvoir. 

Il a une parfaite connaissance des dossiers et des maux dont souffrent les gabonais.Il peut se donner bonne conscience d’avoir simplement mis à la retraite son ancien chef Ali BONGO pour répondre au cri de sa vraie famille biologique comme Jean Boniface Assélé de se reposer après ses ennuis sanitaires. On peut aussi voir en ce geste un zeste de loyauté parfaitement assumé par l’actuel Chef de l’État qui a assisté impuissant ces dernières années aux déviations de gouvernance contre les intérêts de la république.

Conscient que dans le contexte gabonais, gagner les élections n’est pas synonyme d’exercer le pouvoir.Jean PING le sait parfaitement.Lui qui a suscité l’espoir des gabonais en 2016 pour « un Gabon, loin de la peur et du besoin » qui ne se limitera malheureusement qu’au slogan de campagne.

Les premières décisions du Général président après la concertation avec les leaders des communautés religieuses et opérateurs économiques, se sont focalisées sur, entre autres, la privatisation de deux caisses, la CNSS et la CNAMGS. Ce sont déjà des décisions légitimes qui touchent au social avec une attention particulière sur les retraités.Une opération de séduction qui peut semer le doute  dans l’esprit des politiques quant à une alternance urgente. Mais la contradiction s’invite au débat à juste titre. Entre le professeur ONDO OSSA qui revendique une victoire non proclamée et les autres comme NDONG SIMA favorable à la refonte des institutions pour rejouer le match dans les règles de l’art.Il est inutile de rappeler que la conquête du pouvoir est l’objectif de tout combat politique.

Les leaders de la plate-forme Alternance 2023 qui ont consenti des sacrifices énormes  en s’effaçant pour répondre à une stratégie controversée de l’adversaire PDG du fameux bulletin couplé vont forcément tourner la page en maintenant la dynamique au cas où le deuxième tour reviendrait dans la constitution.

DE LA NÉCESSITÉ D’UNE CONCERTATION POLITIQUE ET UN CHRONOGRAMME A RESPECTER POUR SORTIR DE LA CRISE

Les hommes politiques surfent sur la psychologie du peuple. Il ne faut surtout pas s’opposer ouvertement à cet enthousiasme ambiant qui fait du Gl OLIGUI NGUEMA un héros aux yeux de l’opinion.Mais quand on approfondit l’analyse, le Pr ONDO OSSA aujourd’hui quasiment isolé dans ses positions semble être le grand perdant de l’affaire comme l’a été Jean PING en 2016. Pas plus que les partis politiques d’alternance 2023 qui ont sacrifié leurs candidats aux législatives si l’élection d’Ali BONGO avait été validée. Mais il ne faut pas oublier que dans les deux cas, c’est Ali BONGO qui a toujours été déclaré vainqueur.

La mise à plat des institutions est la moins mauvaise des solutions pour une vraie moralisation de la société gabonaise et redonner au Gabon sa dignité.Le Gl-président semble ouvert au débat pour arrêter ensemble les modalités d’un retour à un état normal avec des institutions crédibles.

Si le Pr ONDO OSSA, l’invité surprise de cette présidentielle est conscient de l’opportunité ratée de diriger le Gabon dans les circonstances connues de tous, il va saisir l’occasion d’endosser la posture de l’opposant de l’armée pour le respect du chronogramme.

Mais il doit sans doute accepter d’abord le nettoyage des militaires qui font l’unanimité dans l’opinion s’il est conscient que grâce à ce geste, personne autre que le président proclamé vainqueur donc Ali BONGO n’aurait pris le pouvoir sans effusion de sang.

Pablo MOUSSODJI NGOMA

Journaliste

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