Détournements de fonds: doit-on exhumer le dossier et faire la lumière sur le protocole d’accord occulte passé entre Ngambia et l’Etat ? 

Malgloire Ngambia ministre ayant bénéficié d’un protocole d’accord pour sa liberté jamais révelé dans l’opinion © DR

Libreville, le 15 septembre 2023 – (Dépêches 241). Reconnu coupable de crimes financiers et placé sous mandat de dépôt le 10 janvier 2017, Magloire Ngambia ancien ministre sous Ali Bongo Ondimba aurait détourné plus de 4 milliards de deniers publics destinés à l’aménagement du territoire par de projet liés à l’homme d’affaire Guido Santullo. Libéré en décembre 2020 au terme de près de 4 ans de détention préventive, Magloire Ngambia bien que reconnu coupable, avait bénéficié d’un protocole d’accord pour le moins secret et occulte avec l’Etat Gabonais qui n’a jamais été rendu public. 

Une levée d’écrou, une libération immédiate et une amende de 100 millions. Ce 24 septembre 2020, contre toute attente, alors que tout l’accuse et que la Cour Criminelle spéciale le reconnaît de détournement de fond, Magloire Ngambia bénéficie d’un protocole d’accord qui lui rend sa liberté. De concert avec le parquet de Libreville, il a été condamné à une peine de prison déjà couverte par la détention préventive qu’il effectuait depuis le 10 janvier 2017. 

Le ministère public va ainsi informer aux juges que l’Etat gabonais (partie plaignante) et l’accusé Magloire Ngambia ont signé un protocole d’accord pour restituer l’argent détourné. Cet accord passé avec l’Etat gabonais fait de Magloire Ngambia une personnalité débitrice de l’obligation de s’acquitter d’une amende de 100 millions de francs CFA. Un protocole d’accord qui ne sera jamais rendu public et dont l’opinion n’en saura strictement rien. 

Il est important de rappeler que Magloire Ngambia, ancien de l’Économie et des Finances, puis de la Promotion des investissements, des Transports, des Travaux publics, de l’Habitat, du Tourisme et de l’Aménagement du territoire, appelé fantasmagoriquement « le ministre du ciel et de la terre », du fait de l’accumulation de portefeuille ministériel avait été reconnu coupable de détournement de fonds publics et de corruption passive dans des dossiers de construction de logements et de routes dans des chantiers liées l’homme d’affaires italien Guido Santullo. 

Le membre du gouvernement aurait bénéficié d’avantages et cadeaux indus (villas offertes et construites gratuitement Santullo, vie de luxe, voyage en Italie entièrement financé par l’italien etc…) en échange de l’octroi par Magloire Ngambia de marché en violation des dispositions légales. Il aurait notamment distrait plus de 4 milliards des caisses de l’Etat. 4 milliards, c’est bien le montant entre autres pour lequel Noureddin Bongo Valentin et ses comparses sont entre les mains de la justice. 

À une époque où la justice gabonais, n’avait rien d’une justice libre, impartiale et républicaine, il est important d’exiger que soit rendu public le protocole d’accord entre Magloire Ngambia et l’Etat gabonais pour une affaire qui a traîné le Gabon dans les tribunaux internationaux. L’ancien « ministre du ciel et de la terre », a-t-il restitué les fonds détournés ? Si oui, quand, comment et où ? Le protocole d’accord était-il licite ? Si oui,  pourquoi l’avoir caché aux Gabonais ? Que disait ce protocole ? N’était pas un moyen séditieux fait d’arrangement pour libérer une personnalité qui a été reconnue coupable de crime financier ? 

À l’heure où le comité pour transition et la restauration des institutions a fait de la traque contre les personnalités s’étant rendus coupable de détournements de fonds une de ses missions premières, il est important que la justice exhume le dossier Ngambia et fasse toute la lumière sur ce protocole d’accord occulte afin de juger de sa teneur et d’en vérifier la matérialisation.

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