Libreville, le 17 avril 2024 – (Dépêches 241). La récente sortie médiatique du porte-parole du Dialogue National Inclusif, Monseigneur Asseko-Mvé donne à penser. Car elle dit autant sur la qualité de nos hommes d’Église que sur nos dirigeants actuels. Tâchons de décrypter cette perception.
Au premier abord et selon toute convenance, on aurait pu considérer que la désignation d’hommes de Dieu à la tête du directoire du Dialogue National Inclusif qui se tient actuellement participait d’une volonté de restauration de la dignité collective. Mais visiblement rien n’y fait, puisque la force d’esprit que nécessite pareille posture semble leur manquer. Sinon on aurait du mal à comprendre pourquoi, avant même la fin des débats, le porte-parole du Dialogue National Inclusif, Monseigneur Asseko-Mvé viendrait avancer ces propos. « Si les Gabonais décident d’accorder au Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema un mandat présidentiel, ce ne sera que justice », a-t-il déclaré sans pudeur aucune.
En soi, ces paroles sonnent plus que mal. Elles donnent d’abord à lire de façon claire l’idée non saugrenue que Monseigneur Asseko-Mvé pourrait être un affidé pro CTRI juge et partie, bien décidé à voler au Peuple son droit à l’autodétermination comme le consacre la Charte des Nations Unies. Ces propos sont ensuite frappés du sceau de l’indécence parce que amputés de toute teneur républicaine et souveraine. Ils disent par ailleurs de manière relativement claire la volonté de l’Eglise à complaire, à vouloir entériner une décision que le peuple Gabonais est seul légitime à prendre. Si ce n’est pas une trahison, c’est tout comme, davantage parce qu’ils traduisent la pensée consensuelle du directoire du dialogue et donc des personnalités choisies pour diriger et entériner les décisions qui vont en découler.
D’un autre point de vue, cet acte apparaît comme un deal entre le CTRI et l’Eglise qui ont, dans le contexte actuel, mutuellement besoin l’un de l’autre. L’Eglise pour se donner une nouvelle vitalité, et le Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI) pour se défaire de l’image d’un pouvoir inféodé par le lobby musulman et pour légitimer l’idée d’un pouvoir décidé à restaurer les institutions de la République. On reconnaîtra certes que le fait n’est pas nouveau, puisque dans l’histoire, le politique et le clergé ont souvent convolé, pourtant cela n’empêche qu’on dévoile la supercherie faite au peuple.
Dans le fond, tout donne à croire que les intérêts personnels des uns et des autres ont trouvé convergence. Quitte à faire du Dialogue National Inclusif une plate-forme de légitimation du plan politique du Général-Président, l’essentiel reste ailleurs. Il s’agit à dire vrai d’une subtile trahison du peuple et de sa dignité. Et dire qu’on veut toujours espérer mieux des hommes d’Église. Mais hélas, leur crédibilité est aujourd’hui mise en soupçon…