Libreville, le 15 juillet 2024 – (Dépêches 241). Dernièrement en séjour de 72 heures dans la province de la Nyanga, le Président de la Transition, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, a tenu publiquement des propos d’une gravité extrêmement choquante. Sans détours et sans mesurer l’impact de ses déclarations, il a avoué publiquement instrumentaliser la presse pour se faire une opinion de certains de ses collaborateurs.
L’affaire est quasiment passée sous silence, pourtant elle est d’une particulière gravité. À Tchibanga, devant une foule bigarrée venue nombreuse lui réserver un accueil chaleureux, le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, a avoué en mondovision instrumentaliser la presse, à l’effet de se faire une opinion sur ses collaborateurs politiques qu’il soupçonnerait d’un manque de fidélité, de loyauté et solidarité envers sa gouvernance.
Morceau choisi. « Arrêtez de vous cacher, c’est le moment de montrer à ces populations si vous êtes avec moi ou si vous n’êtes pas avec moi. Le jeu, il est fini (…) et quand on vous pose les questions à la télé, vous hésitez. Mais ce que vous oubliez, c’est que parfois, c’est moi-même qui envoie les journalistes vous poser la question là comme ça », a ostensiblement avoué le Président de la Transition, avant de poursuivre « il veut passer à la télé ? Oui, posez-lui la question je veux voir et je suis là au 20h (…), je regarde et j’analyse les réponses, parce que tout ce que nous les militaires on sait faire , c’est l’analyse et ça nous amène aux résultats », a ajouté Brice Clotaire Oligui Nguema.
Ces propos du Président de la Transition sont d’une telle gravité qu’ils méritent d’être regardés avec froideur et lucidité, tout autant qu’ils suscitent des interrogations aujourd’hui. Dans une presse qui se veut indépendante en période de Transition et de Restauration des Institutions, les déclarations du numéro un Gabonais sonnent mal. Ils donnent à penser que le Palais, comme sous l’ancien régime, tient à la selle une partie de la presse et même les médias publics. Il s’inscrivent en outre à rebours des promesses de ce dernier qui avait dès sa prise de pouvoir, fait le voeux d’une presse restaurée. « Le métier de la presse doit être respecté et mis en valeur, car l’écriture et la parole sont des armes qui peuvent détruire lorsqu’elles sont mal utilisées », avait-il déclaré le 2 septembre 2023 au lendemain de sa prise de pouvoir.
Cette sortie in fine, donne à comprendre que sous le CTRI, qui avait par ailleurs promis de lui « rendre ses lettres de noblesse », la presse pourrait être chosifiée, utilisée à des fins personnelles et purement propagandistes comme sous l’ordre ancien, le régime avilissant Bongo-PDG. Ces propos pourraient enfin conforter les délateurs du CTRI qui s’emploient à faire admettre qu’il n’y a en réalité aucun changement et que les militaires au pouvoir ne sont qu’une reproduction clonée du régime avilissant déchu.