Libreville, le 17 septembre 2024 (Dépêches 241). Depuis mardi dernier, le Congrès s’est érigé en Constituante avec pour objectif principal d’examiner le projet de Constitution qui sera soumis aux Gabonais lors du prochain référendum constitutionnel. Si cette mission semble au premier abord fondamentale, elle suscite toutefois des interrogations voire des inquiétudes au regard des faibles prérogatives attribuées à la nouvelle Assemblée Constituante qui à ce qu’il semble, n’aura aucune influence sur la teneur des dispositions de cette future Constitution parce que dépourvue du pouvoir de l’amender ou de la modifier.
La Transition actuellement en cours au Gabon a pris mardi dernier, une nouvelle direction. En effet, le Congrès réuni en Constituante, a reçu des mains du Gouvernement, le projet de Constitution qui sera soumis aux Gabonais, lors du référendum constitutionnel qui pourrait se tenir cette fin d’année 2024. Dans la foulée, le Président de la Transition a pris un décret destiné à encadrer la mission de la nouvelle Constituante. Une mission sujette depuis, à caution et à débat.
En effet, dans sa parution du 8 au 15 septembre 2024, le journal officiel a restreint la mission de la nouvelle Constituante à un simple examen du projet de nouvelle Constitution, devant aboutir à la production d’avis motivés sur le texte. « La Constituante a pour mission d’apporter un avis motivé sur le projet de Constitution élaboré par le Comité Constitutionnel National », a-t-on pu lire.
Une information confirmée par le 4 ème Vice-président de l’Assemblée nationale dans une publication sur les réseaux sociaux. « À la lecture du décret instituant notre Assemblée Constituante, cette dernière n’a pas pour mission de rédiger ou amender le projet de Constitution. Le projet de Constitution a été rédigé par le Comité Constitutionnel National et mission est juste donnée à l’Assemblée Constituante d’examiner le projet de Constitution rédigé par le Comité Constitutionnel et d’émettre des avis et non de l’amender », souligne Geoffroy Foumboula Libeka Makosso avant de préciser ce qui suit, « à la lecture de l’article 12 dudit décret, il reviendra au CTRI et au Gouvernement d’amender en dernier ressort le projet de Constitution en tenant compte ou non des avis de l’Assemblée Constituante lors de son examen », a-t-il ajouté.
Ainsi donc, alors que l’opinion publique espérait que la Constituante aurait pu se positionner comme un contre-pouvoir à même de contraindre le Gouvernement d’adopter un projet constitutionnel proche des aspirations des Gabonais, tout se passe comme si cette institution était oisive et assimilable à une coquille vide, ce d’autant que le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) pourrait selon son bon vouloir passer outre ses recommandations.
De là à se demander à quoi elle sert ? Pourquoi a-t-elle été mise en place ? Est-ce par simple formalité ou par volonté de faire croire à l’opinion nationale et internationale que les Parlementaires ont été associés à l’adoption de cette nouvelle Constitution déjà fortement critiquée ? Ces questions qui en bon droit se posent, confortent les inquiétudes de l’opinion sur les méthodes peu orthodoxes utilisées par le nouveau régime pour faire adopter par tous moyens semble t-il la nouvelle Constitution.