Libreville, le 20 septembre 2024 (Dépêches 241). Attendu ce weekend aux États-Unis où il prendra part à la 78ème session de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U) à New-York, le Président de la Transition au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema devrait se déplacer avec une imposante délégation de 93 personnes, dont 15 issues uniquement du cabinet de la Première Dame, suivant une proposition de liste nominative émanant du département du protocole d’État qui a fuité sur les réseaux sociaux. Une nouvelle sortie qui coûterait très chère au Trésor Public Gabonais, et qui battrait définitivement en brèche l’idée d’un pays aux finances publiques en lambeaux et engagé dans une réduction drastique du train de vie de l’Etat.
Depuis leur arrivée au pouvoir en août 2023, les nouveaux dirigeants du Gabon n’ont de cesse de répandre une vulgate au sein de l’opinion: « nous avons hérité d’un pays aux finances publiques catastrophiques », répètent-ils avec ardeur par la voix de Laurence Ndong leur porte parole à la moindre revendication légitime des travailleurs, durement malmenés sous l’ancien régime, invitant notamment ces derniers à la patience, au patriotisme et même au renoncement de leurs droits.
Seulement, leurs discours semblent trancher radicalement d’avec certaines de leurs pratiques. En effet, alors qu’il est demandé aux travailleurs de faire des sacrifices au nom du patriotisme, pendant qu’il est demandé aux fonctionnaires de patienter pour que leurs modestes rappels soldes leur soient payés, alors que les enseignants doivent toujours attendre de longs mois pour que leurs vacations soient payées après service rendu, le Président de la Transition supposé montrer l’exemple semble se soustraire de ces impératifs momentanés.
Depuis sa prise de pouvoir le 04 septembre 2023, le Chef de l’État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, multiplie des voyages à l’étranger, avec à chaque sortie une délégation pléthorique. En mai dernier, c’était déjà une délégation de près de 200 personnes qui l’accompagnait en France, dans le cadre d’une visite de travail où il avait rencontré son homologue Emmanuel Macron et profité à deviser avec la diaspora gabonaise de France. C’est encore le cas pour ce séjour du 20 au 26 septembre prochain où il séjournera avec plus de 90 personnes aux États-Unis. Pire, pour ce voyage, pas moins de 15 personnes du Cabinet de la Première Dame, Zita Oligui Nguema, seraient de la partie.
TOURISME DIPLOMATIQUE ?
Une information qui a provoqué l’ire et l’indignation des internautes gabonais choqués et outrés par une telle indécence. « C’est abusé ! Petit déplacement, on nous sort une liste de 93 personnes. La participation à une assemblée générale des nations unies se transforme en vacances. Les mêmes comportements se perpétuent », s’est désolé un internaute. Un autre de commenter en disant « 93 personnes pour combien de millions du contribuable ? Un pays vraiment extraordinaire. Moi ça ne m’étonne pas une transition censée durer 2 ans on écoute des représentants dire nous nous donnons 5 ans pour… Ça veut tout dire en période de transition voir 93 personnes…. », a-t-il ajouté.
Toute chose qui bat définitivement en brèche l’idée d’un pays financièrement asphyxié. Connaissant les sommes évoquées en termes de frais de mission en Amérique du Nord, comment raisonnablement faire comprendre aux enseignants qu’ils doivent continuer d’attendre pour percevoir leurs vacations après service effectué, quand d’autres compatriotes jouissent de l’argent public aussi facilement ? Comment expliquer à ces milliers de fonctionnaires gabonais désespérément en attente de leurs rappels soldes qu’il faut continuer de patienter, quand on peut facilement décaisser de l’argent au Trésor Public pour les voyages du Président et des impressionnantes délégations qui l’accompagnent régulièrement ?
Il serait peut-être temps que les nouveaux dirigeants du Gabon mettent un peu de cohérence dans leur gouvernance. On ne peut pas d’un côté souhaiter une certaine austérité, appeler au patriotisme et à la compréhension des travailleurs pour remonter ensemble la pente orchestrée par l’ancien régime, et se vautrer de l’autre coté dans une boulimie financière particulièrement inquiétante, où certains, en raison de leur proximité avec le pouvoir, bénéficient à souhait des privilèges et de l’argent public quand d’autres compatriotes crient et pleurent à la famine.