Référendum: quand pour des raisons purement politiciennes Oligui Nguema attribue la raison du Coup d’Etat à Bilie-by-Nze 

À l’opposé de son discours de Franceville, Oligui Nguema attribue la raison du Coup d’Etat survenu le 30 août 2024 à Bilie-by-Nze ©montageDépêches 241

Libreville, le 5 novembre 2024 – (Dépêches 241). En tournée dans l’hinterland dernièrement, le Président de la Transition, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’est de nouveau pris ouvertement à Alain Claude Bilie-by-Nze, dernier Premier Ministre d’Ali Bongo Ondimba, affirmant qu’il reste à ce jour le seul Chef du Gouvernement à avoir modifié la Constitution, toute chose qui aurait par ailleurs motivé le coup d’État du 30 août 2023. Une nouvelle sortie qui révèle au moins deux choses: soit le Président de la Transition ignore l’histoire politique et institutionnelle du Gabon, ou bien, à l’inverse, il continue de dissimuler la vérité aux populations sur les vraies raisons de la prise du pouvoir par le CTRI.

À Mbigou, dans la province de la Ngounié, le Général-Président s’est récemment exprimé face aux populations venues très nombreuses l’écouter. Dans un discours direct, il a soutenu qu’Alain Claude Bilie-by-Nze demeure aujourd’hui le seul Premier Ministre à avoir modifié la Constitution. « Depuis feu Léon combien de Premiers Ministres avions-nous eu? (…) Combien ont touché à la Constitution ? », s’est d’abord ironiquement interrogé Brice Clotaire Oligui Nguema.

Revenant sur les événements du 30 août 2023, le Général a argué que le dernier Premier Ministre d’Ali Bongo Ondimba, serait à l’origine de cette entrée des militaires dans la sphère politique. « Même si on t’envoie, si tu es du côté du peuple et que ton chef te demande de toucher la Constitution, de modifier le code électoral, tu dois te dire Monsieur le Président, je suis là pour vous apporter conseils et ça ce n’est pas bon. Il ne l’a pas fait. Le coup d’État est venu à cause de lui. Le coup d’État est venu à cause de lui », a-t-il répété aux populations.

Un discours purement démagogique ?

La sortie du Général Brice Clotaire Oligui Nguema à Mbigou fait assurément réagir dans l’opinion, en ce qu’elle pourrait indiquer deux choses. La première, en attribuant la raison du coup d’État du 30 août 2023 à Alain Claude Bilie-by-Nze, le Président de la Transition donne une deuxième version des faits, en contradiction avec la première, qu’il avait livrée à Franceville. « Souvenez-vous que votre fils,  frère et oncle pour certains, Ali Bongo Ondimba a eu un AVC en octobre 2018 à Riyad (…). Nous militaires l’avons toujours accompagné, jusqu’au jour où il passe la gestion du pays à son fils et à sa femme », avait-il déclaré pour faire comprendre qu’après son AVC, Ali Bongo n’était plus le même.

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La deuxième chose que le discours de Mbigou pourrait inspirer est qu’Oligui Nguema semble ne pas dominer l’histoire politique et institutionnelle de son pays, car depuis 1990, date de l’avènement du multipartisme et de la démocratie au Gabon, la Constitution a subi pas moins de huit (8) modifications, dont quatre (4) durant les 14 quatorze dernières années. Avant Alain Claude Bilie-by-Nze, la Constitution gabonaise a été modifiée par la Loi N°047/2010 du 12 janvier 2011, sous la primature de Paul Biyoghe M’ba. Puis par la loi N°001/2018 du 12 janvier 2018 par feu Emmanuel Issozet Ngondet qui avait consacré entre autres l’alinéa sur l’indisponibilité temporaire qui avait permis à Ali Bongo de demeurer au pouvoir après son accident vasculaire cérébral. Ensuite par la loi N° 046/2020 du 11 janvier 2021 par Rose Christiane Ossouka Raponda.

Des propos qui pourraient donc légitimement faire croire à une certaine opinion que le Président de la Transition semble se vautrer de plus en plus dans une posture de manipulation des masses dignes des politiciens, littéralement aux antipodes du militaire et homme de parole qu’il prétend être. 

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