Gabon: les rappels soldes du OUI au référendum ?

Le président de la Transition pendant son entretien avec les agents publics gabonais ©DR

Libreville, le 7 novembre 2024 – (Dépêches 241). Dans une audience publique accordée aux syndicats du secteur public le 5 novembre dernier, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a fait une annonce forte, celle de payer un tiers des rappels soldes des agents publics gabonais. Si l’annonce en elle-même a été saluée à l’unanimité par les fonctionnaires, plusieurs observateurs y voient plutôt une décision éminemment politique, avec pour unique calcul d’amener les nombreux bénéficiaires à voter en faveur du OUI au référendum constitutionnel du 16 novembre prochain.

Au cours d’une rencontre avec les partenaires sociaux  tenue à la veille de l’ouverture de la campagne électorale pour le référendum constitutionnel, le Chef de l’État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a évoqué plusieurs sujets. L’un d’entre eux a été celui du paiement des rappels soldes des fonctionnaires. « Sur les 106 milliards, je peux payer le tiers, 35 milliards de francs CFA. Je vous les paye le 12 novembre 2024 », a déclaré le Président de la Transition. 

Une décision qui a d’ailleurs été bien accueillie chez les nombreux fonctionnaires qui, pour certains, attendent cette manne financière pour réaliser plusieurs de leurs projets, restés trop longtemps sans évolution faute de moyens, mais surtout du fait de la mal gouvernance de l’ancien régime.

Une décision motivée par des desseins électoralistes ? 

Pour de nombreux observateurs de la vie politique gabonaise, cette chandelle faite par le Président de la Transition aux fonctionnaires pourrait être simplement motivée par le seul but d’amener de nombreux fonctionnaires peu convaincus de la gouvernance du CTRI au pouvoir depuis plus d’un an, à voter en faveur du OUI au futur référendum constitutionnel prévu le 16 novembre.

Si la décision en elle-même peut être saluée, il reste que le timing de cette dernière suscite interrogations et suspicions. Pourquoi attendre le mois de novembre, mois durant lequel se tiendra le référendum constitutionnel pour envisager le paiement des rappels ? Pourquoi procéder à l’annonce du paiement des rappels soldes à la veille du début de la campagne électorale du référendum? Le paiement de ces rappels ne pouvait-il pas se faire après le scrutin référendaire du 16 novembre ? 

Toutes ces questions font peser des soupçons sur la sincérité et le caractère non intéressé de cette décision. Une volonté de dociliser les populations à des fins électoralistes que le Président de la Transition a d’ailleurs récemment étalé à Omboué dans l’Ogooué-Maritime. « J’ai toujours dit que j’étais à la bonne école avec les anciens. Quand c’est la période électorale, il faut assouplir, il faut laisser les gens tranquilles pour qu’ils aillent voter », avait déclaré Brice Clotaire Oligui Nguema. 

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