Libreville, le 19 novembre 2024 – (Dépêches 241). Les résultats du Référendum rendu publics il y a 2 jours et donnant le OUI pour vainqueur à près de 92% ont été entachés par la communication du ministère de l’Intérieur qui n’est pas passé inaperçu et qui à ce jour soulève des débats sur la sincérité et la crédibilité du scrutin référendaire. En l’espace de 24h le gouvernement a annoncé deux chiffres sur taux de participation laissant ainsi prospérer l’idée d’une velléité de fraude dans le camp du pouvoir.
En déposant le régime d’Ali Bongo Ondimba le 30 août dernier, la pouvoir militaire incarné par Brice Clotaire Oligui Nguema justifiait cette prise illégale de pouvoir par la prééminence des méthodes antidémocratiques doublée d’une appétence pour la fraude chez le système Bongo-PDG. Le CTRI et le général président en tête promettaient ainsi de remettre le Gabon sur la voie du changement, de la restauration et de la sincérité en opposition à l’avilissement qui étaient, chez le régime ancien, un réflexe et un mode de vie.
À l’occasion de la consultation référendaire du 16 novembre dernier, un élément, un de plus est venu mettre en soupçon, la sincérité et la fiabilité du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI). Il s’agit de la communication des chiffres qui donnent l’impression que le camp du pouvoir, celui supposé mettre aux pratiques du régime ancien, avaient soigneusement préparé des chiffres préfabriqués dans le but de légitimer le vote du OUI pour tenter d’éluder et de se soustraire de la brutale réalité de l’abstention.
Une manoeuvre révélatrice d’une volonté de tromper le Peuple
Comme un air de déjà vu, comme sous l’ancien régime, par le truchement du ministère de l’Intérieur, les démons de la manipulation et de la désinformation se sont mis en branles des 20 heures, le jour même du vote en indiquant un taux de participation de 71%. Une information du reste relayée par la chaîne de télévision Gabon 24. Fait curieux, des résultats rendus publics par le ministère de l’Intérieur indiquent un taux de 52% alors qu’à 20H la veille, le même ministère de l’Intérieur annonçait un taux de participation de 71% après le fermeture des bureaux de vote.
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Comment expliquer cette différence de taux de participation entre en 24H ?
Un fait qui n’a pas manqué de soulever des interrogations au sein de l’opinion. Comment se fait-il que sur le même aspect de l’élection deux chiffres soient annoncés par le ministère de l’Intérieur ? Comment est-il possible que le jour du vote au soir le taux soit 71% et qu’il soit de 52% le lendemain ? Le ministère de l’Intérieur a-t-il menti en communiquant trop en préparant l’opinion à taux de participation élevée pour anticiper le débat sur l’abstention ? Sinon qu’est ce qui peut expliquer cet écart ? Dit autrement le gouvernement, supposé mettre fin aux pratiques d’antan a-t-il voulu tromper les Gabonais ? Ces questions attendent des réponses de la part du gouvernement en tête desquels Herman Immongault, ministre chargé de l’Intérieur.
Une résurgence des pratiques décriées par l’ancien Régime ?
Une étrangeté que n’a pas du reste manqué de souligner Alain Claude Bilie-by-Nze pour qui seul un miracle seul expliquer ce changement en moins de 24h heures. « Par quel miracle est-on passé de 71% la veille de taux de participation à 42% désormais soit 20 points d’écart ? Si ce n’est pas la preuve des chiffres préfabriqués qui étaient déjà en boîte avant même les élections », s’est interrogé Alain Claude Bilie-by-Nze.
14 mois après les scènes de liesse, les Gabonais sont désormais dubitatifs et ils ne semblent plus croire en la sincérité du CTRI tout autant qu’ils commencent à mettre en doute la légitimité de cette organisation sans fondement juridique qui un peu plus chaque pour porte l’ADN du régime Bongo-PDG vomi par le Peuple à l’occasion du dernier scrutin présidentiel.