Libreville, le 3 décembre 2024 – (Dépêches 241). Depuis quelques semaines déjà, de vives tensions sont observées entre les syndicats des Enseignants-Chercheurs officiant à l’École Normale Supérieure (ENS) de Libreville et les responsables du Ministère de l’Éducation Nationale concernant la co-tutelle jugée désormais « toxique » de cet établissement public d’enseignement supérieur. À ce sujet, la rédaction de Dépêches 241 a posé trois questions au Professeur Hilaire Ndzeng Nyangone, Président du SNEC-ENS. Nous publions in extenso cet entretien.
Dépêches 241: Concrètement que reprochez-vous au Ministère de l’Éducation Nationale dans cette affaire ?
Pr. Ndzeng: « Déjà merci beaucoup pour l’occasion qui m’est donnée. Alors, le problème qui alimente les tensions entre les Syndicats des enseignants SNEC et FRAPES de l’ENS et l’Éducation Nationale est un problème juridico-institutionnel et porte essentiellement sur le partage des responsabilités dans la cogestion de l’ENS entre l’Enseignement Supérieur et l’Éducation Nationale. Nous sommes face à une cogestion devenue inopérante, irresponsable et querellée, dans la mesure où seul l’Enseignement Supérieur porte l’ENS en tout et pour tout , là où l’Éducation Nationale ne brille que par des injonctions et autres instructions sans jamais prendre les responsabilités financières qui en découlent ».
Dépêches 241: Vous avez tenu une Assemblée générale de restitution la semaine dernière qui a conduit à une journée morte. Que retenir de cette action ?
Pr. Ndzeng: « Nous avons tenu une Assemblée générale de restitution qui a rejeté en bloc la volonté de l’Éducation Nationale de soustraire l’organisation du concours externe à l’ENS quand bien même celui-ci fait partie des rares fonds propres de l’ENS et l’exigence de postes clés du directoire à l’instar du Secrétariat Général, la Direction des Stages et une des Directions des Études. L’action forte posée à la suite de cela a consisté à observer une journée morte qui a tout de suite attiré l’attention des autorités sur cette question brûlante de l’ENS. La résultante est que la question juridique de l’ENS est devenue une question prioritaire en ce moment, qu’il faut régler dans l’urgence la plus absolue »
Dépêches 241: Aujourd’hui, le pays traverse une Transition. Quelle solution proposez-vous pour une sortie de crise apaisée ?
Pr. Ndzeng: « En cette période de Restauration de nos Institutions et de nos valeurs dans laquelle, même la mère des lois (la Constitution) vient d’être revue, nous appelons le Président de la Transition à revoir le décret N°0651 du 18 juin 1995 qui institue la co-tutelle à l’ENS, en revisitant les missions des différentes parties. Mieux encore, nous demandons que ce décret soit abrogé et que, à l’instar des ENS de France (notre modèle) de l’espace CAMES (le Gabon étant l’un des États créateurs) et de l’espace CEMAC (le Gabon étant un membre influent), que l’ENS reste exclusivement un établissement public d’enseignement supérieur sous la tutelle unique du Ministère de l’Enseignement Supérieur ».