Libreville, le 4 décembre 2024 – (Dépêches 241). Réuni en Assemblée générale le 28 novembre dernier, le Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG) a dit sa profonde préoccupation face au fonctionnement actuel de son écosystème. Dans ce qui peut être vu comme un véritable réquisitoire contre le pouvoir Exécutif en général et le Ministère de la Justice en particulier, les magistrats s’insurgent contre l’immixtion flagrante et toxique du pouvoir Exécutif dans le Judiciaire, entravant ainsi l’épanouissement professionnel de la corporation.
Comment comprendre que le Président de la République, le Ministre de la Justice, celui du Budget, trois Députés et deux Sénateurs, tous membres du pouvoir Exécutif et Législatif, puissent être les Présidents, Vice-présidents et membres du Conseil Supérieur de la Magistrature, un organe qui veille à la bonne administration de la justice et qui statue sur les nominations, affectations, promotions et la discipline des Magistrats ? Pourquoi faire du Ministère de la Justice l’autorité qui a le droit de décider de la titularisation, du licenciement ou de la prorogation du stage probatoire d’un magistrat stagiaire ?
Voilà les grandes interrogations qui ont dominé les travaux de la dernière Assemblée générale du Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG), et qui ont poussé ce dernier à réclamer désormais le respect strict du principe de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice, lequel est consacré par la loi N° 040/2023, notamment en son article 6 alinéa 12 qui dispose que « le pouvoir Judiciaire est indépendant du pouvoir Exécutif et du pouvoir Législatif ».
Or, dans les faits, il se donne à voir depuis de nombreuses années, et ce, avec une régularité avérée, une trop forte intrusion de l’Exécutif et du Législatif dans le Judiciaire. Toute chose qui a conduit les magistrats à soutenir l’idée que « l’omniprésence et l’omnipotence dans la vie professionnelle du magistrat des membres du pouvoir Exécutif et du Ministre de la Justice en particulier est l’expression la plus achevée d’une justice sous tutelle et sous commandement de l’Exécutif », a déclaré Landry Abaga Essono, Président du SYNAMAG.
Espérons qu’à l’issue de cette Assemblée générale les plaintes des magistrats soient entendues, et que chaque pouvoir s’attache désormais à respecter ses prérogatives pour la bonne marche des Institutions post-transition du pays.