Présidentielle 2025: Du pouvoir de la Parole et du respect du Serment 

Le président de la Transition ici pendant sa prestation de serment le 4 septembre 2023 semble porté par la tentation de violer sa parole et avec elle, le principe de la sacralité du serment ©ComPrésidentielle

Libreville, le 29 Janvier 2025 – (Dépêches ). Qu’il s’agisse des institutions traditionnelles, des rites ou des cultes comme des institutions modernes, la parole et le serment sont les clés sacrées qui scellent la vie et le fonctionnement d’une communauté, d’un groupe ou d’un pays.

La parole du serment est celle qui a lié les humains avec les autres vivants et les divinités. En Afrique, cette parole est partout, dans tous les actes de la vie. Pour prélever une feuille ou une écorce d’un arbre, égorger un animal, à  la naissance d’un enfant comme pour introniser un chef. Les paroles du serment comme les paroles de bénédictions ou d’autorisation requièrent une rigueur morale pour celui qui les prononce. Elles obligent le respect de consignes strictes et parfois le jeûne ou l’abstinence. 

Les paroles du serment sont des textes sacrés consignés dans des Constitution, des Chartes ou des règlements intérieurs. Le serment est donc un engagement que l’on prend devant les humains, les ancêtres et les dieux. Il oblige au respect des interdits et des commandements.

Au 13eme siècle, les chasseurs du Mandé proclamèrent la Charte constitutive du grand empire du Mali fondé par Soundjata Keita. Cette Charte consacra les valeurs et les principes qui allaient organiser la vie et l’expansion de l’empire mandingue.

En 2009, cette Charte Kouroukan Fouga du Mandé de 1222 a été inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco. Elle fut non seulement proclamée avant la Déclaration universelle des droits de l’homme mais elle n’avait rien à envier aux autres textes connus du 13ème siècle comme La Magna Carta, ou Grande Charte des anglais. 

La Charte de la Transition au Gabon fut écrite par un petit groupe de personnes membre du COMITÉ DE LA TRANSITION POUR LA RESTAURATION DES INSTITUTIONS (CTRI). C’est sur cette Charte que le président de la Transition et d’autres membres des institutions mises en place ont tous prêté serment. Ils ont juré et se sont engagés à respecter le texte. Ils ont juré de respecter le Serment, notamment de ne pas être candidat à l’élection présidentielle. Ce serment public a été petit à petit abandonné, dévoyé et bafouillé par le Dialogue National, puis par la Constitution et maintenant par le nouveau Code électoral. 

La question qui se pose est de savoir quelles en sont les conséquences. Dès lors que le serment qui lie le pays aux ancêtres et aux Dieux n’est plus respecté, à quoi s’exposent ceux qui le trahissent ?

Il était reproché à Ali Bongo d’avoir prêté serment en 2009 et 2016 sur le mensonge et le crime. Le 30 août 2023, lors du communiqué du CTRI, le Colonel Manfoumbi avait listé les accusations faites au régime déchu. L’ambition de la transition était donc de rompre d’avec le mensonge et d’ériger de nouvelles valeurs. Au bout des deux ans de transition, serons-nous parvenus à restaurer les valeurs de vérité, de justice et de dignité ?

La Justice n’a pas été rendue à ceux qui sont morts en 2009 et 2016. La vérité est loin d’être connue sur la gestion calamiteuse du pays. Et la dignité ? On le verra lors des meetings de distribution de t-shirts, canettes et billets de Cfa. 

Par Tare Evivi Nguema

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