Gabon: Paul Marie Gondjout et cette inertie complice dans l’affaire Hervé Patrick Opiangah 

Hervé Patrick Opiangah ancien ministre des Mines et Paul Marie Gondjout, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux ©DR

Libreville, le 8 février 2025 – (Dépêches 241). Les cadres de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), formation politique de l’homme d’affaires Hervé Patrick Opiangah, ont saisi Paul Marie Gondjout, Ministre de la Justice aux fins de souligner les incohérences du dossier judiciaire à l’origine de la traque de leur leader. Au-delà de cette saisine, ce Parti semble s’inquiéter du silence et de la léthargie de cet ancien opposant qui semble désormais s’accommoder des maux qu’il dénonçait naguère en qualité de cadre de l’Union Nationale. 

Nous sommes le 30 août 2016, Paul Marie Gondjout alors Vice-président de la Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP) fulminant de colère sort d’une salle et dénonce une mascarade en cours d’exécution. Celle de la falsification des résultats du scrutin présidentiel, à l’effet de voler l’élection au Peuple Gabonais et donner ainsi Ali Bongo vainqueur. Les Gabonais découvrirent ce jour-là, un homme en apparence pénétré des valeurs nobles de démocratie et de justice. 

Forfaiture et imposture politiques ? 

Près de 10 ans plus tard, les masques ont fini par tomber, et l’imposture qui couvait sous le manteau de l’opposition a fini par se révéler au grand jour en exposant au final Paul Marie Gondjout dont le pedigree politique n’a rien à envier aux personnalités de l’ancien régime dont il a dénoncé les comportements du temps de son militantisme à l’Union Nationale. Parti qu’il a fini par diviser en créant l’Union nationale Initiale (UNI), une formation politique fantoche sans consistance et sans épaisseur. 

Les premiers signaux de cette forfaiture de l’homme furent donnés à la veille du scrutin du 30 août 2023, où Paul-Marie Gondjout a décidé de participer à la concertation nationale du pouvoir d’Ali Bongo au terme duquel plusieurs acquis démocratiques du Dialogue d’Angondjé ont été torpillés, tout en faisant le lit du pouvoir qu’il prétendait combattre. Nommé Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, le conjoint de Chantal Myboto, semble adopter une attitude partisane au regard de l’indolence et de la passivité dont il fait montre dans l’affaire Hervé Patrick Opiangah, tant la vacuité du dossier ne laisse plus aucun doute sur la machination en cours dans le système judiciaire gabonais. 

Un opposant politique de circonstance ? 

Dans le courrier déposé par les cadres de l’UDIS, des incohérences manifestes sont soulignées avec clarté et précision. « Dans la procédure judiciaire initiée contre le Président-Fondateur de notre formation politique, pour des faits supposés de viol et inceste, au dela des vices de procédure flagrants, le maître des poursuites qui n’a jamais pu situer, déterminer, ni prouver les faits dans l’espace et dans le temps, s’est heurté à l’impossibilité de constituer en droit, les griefs qui sont reprochées à notre président », indique le Parti. 

L’affaire HPO au révélateur de l’incompétence de PMG ? 

Ledit courrier dans un cours magistral de droit pénal spécial, présente au membre du Gouvernement l’impossible constitution de l’infraction dans l’affaire en raison de l’absence d’élément matériel. « L’impuissance du parquet à réunir les trois (3) éléments nécessaires et constitutifs d’ une infraction pénale consacre par conséquent l’inexistence des chefs d’accusation visés par le procureur de la République. Mieux, la présumée victime a battu en brèche toutes les prétentions des plaignants en les déjugeants et en révélant la fausseté des faits sur quoi repose la plainte. Plainte qui au demeurant ne saurait objectivement prospérer en droit », poursuit le même courrier.

À ces faits déjà suffisamment pertinents et édifiants sur l’asthénie de cette affaire judiciaire, la victime présumée, gardée à vue du reste, s’est retournée par le biais d’une action récursoire contre les diffamateurs en déposant une plainte. Des actions qui, de façon logique, auraient conduit Paul Marie Gondjout à saisir le Parquet, afin de demander des éclaircissements sur cette affaire aussi opaque que grossière. Mais rien n’y fit !

Interrogations, questionnement légitimes et conclusions évidentes 

Comment se fait-il qu’un ancien opposant se complaît à garder le silence dans ce qui apparaît clairement comme une machination et une instrumentalisation de la justice gabonaise ? Comment est-il possible qu’en pleine Transition dite de Restauration des Institutions, de telles aberrations soient encore possibles ? Qu’est ce qui expliquerait cette inertie presque complice du gendre de Zacharie Myboto ? Fait-il le mort en laissant la situation pourrir pour faire plaisir à son beau père dont la rivalité politique avec Hervé Patrick Opiangah à Mounana est un secret de Polichinelle ? Ces interrogations imprévisibles qui se posent en bon droit, sont celles que se pose le Directoire du Parti politique de l’homme d’affaires. 

Desmond Tutu, évêque et Cardinal Sud Africain, figure marquante de la lutte contre l’Apartheid disait « Si vous êtes neutre devant une situation d’injustice, c’est que vous avez choisi le camp de l’oppresseur ». Hervé Patrick Opiangah, vit une situation d’injustice avérée et Paul Marie Gondjout par son inaction, semble avoir choisi le camp de l’oppresseur en adoptant une posture attentatoire aux droits fondamentaux d’un citoyen, d’un compatriote et d’un chef d’entreprises dont plus de 5000 employés croupissent dans la misère depuis 3 mois aujourd’hui.

Pourtant, dans une interview réalisée le 3 octobre 2023 sur Radio France Internationale (RFI), le natif de Lambaréné déclarait que « Notre pays reste lié par des instruments internationaux de droit de l’homme. Je tiens à cela ». Curieuse déclaration aujourd’hui aux antipodes des agissements de l’homme et qui en définitive, consacre la duplicité et l’escobarderie du Ministre de la Justice de la Transition, dans l’affaire Hervé Patrick Opiangah. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*