
Libreville, le 9 février 2025-(Dépêches 241). Lors d’un point de presse effectué vendredi dernier au Palais de justice de Libreville, le Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG) a encore tenu à dénoncer non seulement les agissements du Garde des Sceaux qui tente pernicieusement de saboter leur mouvement de grève, mais aussi ceux de l’Exécutif de manière générale, qui tente d’utiliser à souhait la justice pour rendre des comptes aux adversaires politiques.
Très à cheval sur la question de l’indépendance de la justice, le nouveau bureau directeur du SYNAMAG est encore monté au créneau ce vendredi 7 février pour condamner d’une part, la volonté du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de torpiller leur mouvement de grève, via « la note n°0195/MJGS/SG/DGAA du 24 janvier 2025, par laquelle le Ministère de la Justice tente de contourner les dispositions légales sur la définition du service minimum », rapporte la déclaration du SYNAMAG.
Un gouvernement de la Transition qui agit aux antipodes de ses promesses
Et, d’autre part, de dénoncer la volonté de l’Exécutif actuel, comme le précédent, d’utiliser assez régulièrement la justice pour régler des comptes aux adversaires politiques. « Le Gouvernement de la Transition, comme ses prédécesseurs, tente d’utiliser la justice à des fins politiques. Il ne veut pas d’une magistrature indépendante et refuse toute émancipation des juges », a d’abord déclaré Landry Abaga Essono, Président du SYNAMAG, avant d’ajouter « Nous, magistrats, refusons d’être les complices d’une justice instrumentalisée », a-t-il martelé.
Dans la même lancée, les magistrats ont invité le Chef de l’État, par ailleurs Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, à respecter son engagement de faire émerger une justice forte et indépendante, à mille lieues de celle qui se donnait à voir sous le régime déchu. « Si la justice sous la “ Young Team ” doit rester identique sous l’ère de la Transition, alors il y a fort à craindre que la promesse d’une justice de qualité, faite aux Gabonais, ne soit qu’un leurre de plus », a alerté Landry Abaga Essono.
Instrumentalisation de la justice comme dans l’affaire Opiangah ?
Pour finir, le SYNAMAG a interpellé le Président de la Transition sur la nécessité d’une justice libre et indépendante, afin de garantir l’essor vers l’État de droit véritable. « Monsieur le Président, vous êtes le garant du bon fonctionnement des institutions. Nous vous demandons solennellement de respecter la parole donnée et de permettre à la justice gabonaise d’être enfin indépendante et efficace. Le combat que nous menons dépasse nos intérêts personnels. Il concerne l’avenir même de l’État de droit au Gabon », a conclu le syndicaliste.
Un ensemble de récriminations et de griefs qui ont à nouveau été mis en branle dans l’affaire Hervé Patrick Opiangah victime depuis le 20 Novembre 2024, d’une grossière machination judiciaire sous fond de règlements de comptes politiques. Accusé d’une infraction dont les éléments n’ont jamais pu être constitués, le parquet, visiblement aux ordres, a instrumentalisé les forces de l’ordre jusqu’à mobiliser, pour une affaire pénale, des forces de 3e catégorie telle que la redoutable Garde Républicaine.