Association RDB-PDG : Anges Kevin Nzigou en plein déni de compromission

Le nouveau coordonnateur des Bâtisseurs désormais compatible avec les PDGistes qu’il haïssait naguère se vautre t-il dans un déni de compromission ? ©DR

Libreville, le 28 mars 2025 – (Dépêches 241 ). Le milieu politique gabonais semble irrévocablement empli d’hommes et de femmes politiques sans principes ni convictions, mais serait davantage gangrené par des  politicards guidés par les intérêts égoïstes au détriment du bien commun. C’est ce que pourrait dévoiler la promotion par le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema de Ange Kevin Nzigou, acteur majeur de la société civile et opposant supposé du régime déchu, au poste de coordonnateur général du Rassemblement Des Bâtisseurs (RDB). Une nomination qui tend à rendre plausible la possibilité d’un certain nombre de compromissions au regard des positions radicales qui ont souvent caractérisé l’homme.

S’il y a un mérite qu’on peut aisément, sans risque de se tromper, reconnaître au CTRI et à son chef de fil, c’est leur capacité à soustraire de l’opposition avec une facilité déconcertante un grand nombre de figures marquantes de ce bord politique. Ainsi, Ange Kevin Nzigou qui, jusque-là semblait jouer à l’équilibriste entre soutien total au CTRI et une lucidité momentanée, a fini par mordre à l’hameçon, en acceptant d’être le coordonnateur Général du (RDB) de l’homme de Ngouoni au grand dame de l’opinion qui voyait en lui, au regard de ses postures, une personnalité politique capable de porter haut ses espoirs.

Un positionnement politique invraisemblable eu égard à la vision politique que l’ancien secrétaire exécutif du PLC semblait défendre jusqu’ici. D’autant que  pour lui, il ne faisait aucun doute que le plus grand problème du Gabon était le Parti Démocratique Gabonais ( PDG ) et ses membres. Estimant que c’est ce parti politique et la gestion épicière de ses membres du pays qui ont plongé les finances publiques dans le  marasme économique tout en paupérisant la population. « Ceux qui ont tué ce pays sont des PDGistes et que le CTRI ou la Transition ou l’après transition, ne sera pas l’occasion de blanchiment des PDGistes (…). Je les déteste parce qu’ils ont détruit ce pays », déclarait-il pourtant dans une causerie en rapport avec la campagne référendaire. 

Un reniement incompréhensible de ses idéaux d’antan 

D’ailleurs, c’est aussi ce qui pourrait expliquer sa réticence à travailler pleinement avec le CTRI dès le départ, estimant que celui-ci ne rassurait pas quant à sa volonté de véritablement rompre avec les pratiques du régime qu’il avait tant combattu. Puisque dès les  premières nominations du CTRI, les PDGistes en étaient majoritaires. Et il était hors de question pour lui de travailler avec ceux qu’il estimait être responsables de l’austérité du pays. Il déclarait à ce propos que « si vous mettez fin à un régime, vous ne pouvez pas prendre les mêmes instruments et les acteurs du même régime, qui vont eux, participer à la réforme des institutions qui est votre mission principale » disait-il dans une interview sur TV+ Afrique le 7 septembre 2024.

Vraisemblablement aujourd’hui, en moins de deux ans, trop d’eau semble avoir coulé sous le pont et l’éminent avocat, supposément fervent défenseur de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’homme vient lui aussi de tourner casaque, comme beaucoup de ceux qui l’ont précédé dans l’opposition gabonaise. 

Selon une certaine opinion, le défenseur des causes perdues aurait soudainement perdu son bon sens, sa lucidité et sa prétendue probité. Car, dorénavant il défend tel un sophisme maîtrisant les rouages de la rhétorique le camp d’en face comme il le faisait pour son camp d’hier. Dans un délirant déni de compromission, le néo-bâtisseur utilise désormais le champ lexical de ceux qu’ils considéraient il y a encore quelques mois comme les pires ennemis du Gabon.  

Entre déni et nomination non assumée 

Il semble s’être tellement accommodé à travailler avec les PDGistes, à telle enseigne qu’il en vient à justifier son forfait à l’aune d’un patriotisme vil. Aussi déclarait-il y a quelques jours. « Je ne me pose pas la question si mon épiderme est compatible avec le PDG, je me pose la question de savoir ce que je peux apporter pour mon pays, pour unir le Gabon, Qui a été longtemps déchiré ». Il aurait donc accepté ce poste par souci de l’unité des gabonais. Quel outrage !

Si depuis le début de la transition l’on pouvait entrevoir le soutien timoré au CTRI  de maître Nzigou sous le prisme de quelques compromis, accepter de trôner à la tête du Rassemblement Des Bâtisseurs, semble faire montre d’un passage à la vitesse supérieure ayant abouti à la compromission. Tant il est vrai que le modéré d’hier s’est miraculeusement transformé en un laudateur patenté du régime militaire. Une mutation si effarante qu’elle ferait croire à une ignoble et haïssable lobotomisation.

Mais le plus difficile, c’est que quelques jours après sa nomination à ce prestigieux poste, il a démissionné de son ancien parti, sous l’argument superfétatoire selon lequel l’un de ses anciens collaborateurs se servirait du parti pour son ascension personnelle, alors que lui, maître Nzigou, au contraire de ses camarades, serait irréprochable avec une probité morale avérée et aurait toujours agit pour l’intérêt de tous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*