
Libreville, le 25 avril 2025 – (Dépêches 241). Le fait que le gouvernement gabonais remette en cause la méthode de calcul du stock de la dette publique notamment par le FMI, témoigne d’une certaine façon de la gravité de la situation. Le service de la dette atteindra 1 633,4 milliards FCFA en 2024, soit plus de la moitié des recettes budgétaires de l’État. Cette évolution est alarmante : elle traduit une spirale dans laquelle le Gabon s’enfonce sans plan de sortie clair. En seulement un an, cette charge a progressé de 6,4%, réduisant davantage les ressources disponibles pour les investissements essentiels dans les services publics.
Le paiement des intérêts seul absorbe 11,6 % des recettes fiscales, dépassant le seuil critique fixé par l’État lui-même. Cette ponction sur le budget compromet directement les ambitions de relance économique et sociale. Les dépenses d’intérêt deviennent une priorité, au détriment des secteurs vitaux comme la santé, l’éducation ou l’accès à l’eau.
Le modèle de financement actuel est structurellement déséquilibré. Le recours excessif à des emprunts à court terme et à des conditions de marché défavorables aggrave la dépendance de l’État à l’endettement. Cette stratégie, si elle perdure, risque de provoquer un effet boule de neige : plus l’État emprunte, plus il paie d’intérêts, et moins il investit dans le développement.
Une solution existe pourtant: réorienter l’endettement vers des prêts concessionnels, assortis de longues périodes de grâce et de taux d’intérêt réduits. Mais cela suppose de restaurer la confiance des bailleurs et de démontrer une rigueur budgétaire exemplaire. En parallèle, une réforme fiscale sérieuse centrée sur l’élargissement de l’assiette et la lutte contre l’évasion est indispensable pour augmenter les ressources propres de l’État. Deux éléments que se refusent d’appliquer le gouvernement.