Une convocation de trop: Harold Leckat convoqué à la gendarmerie, quand la dépénalisation du délit de presse est piétinée au Gabon

Harold Leckat Igassela, Directeur de Publication de Gabon Média Time convoqué, la liberté de la presse en garde à vue, Quand la dépénalisation devient un mirage © DR

Libreville, le 5 Juin 2025 – (Dépêches 241). Ce mercredi 4 juin 2025, le Directeur de Publication du quotidien en ligne Gabon Média Time (GMT) a été convoqué et entendu par la brigade de gendarmerie de l’aéroport de Libreville, suite à la publication « par inadvertance » d’une photo jugée inappropriée, rapidement retirée dès la constatation de l’erreur. Cette convocation, maintenue malgré la correction immédiate, illustre une dérive inquiétante dans le traitement des journalistes au Gabon. 

L’Organisation Patronale des Médias du Gabon (OPAM) a vivement dénoncé cette convocation comme une violation manifeste de l’Ordonnance n°00012/PR/2018 du 23 février 2018, qui dépénalise explicitement le délit de presse dans le pays. Selon l’OPAM, les journalistes doivent être protégés de toute procédure pénale liée à leur travail, et ces convocations abusives sont une forme d’instrumentalisation du droit pénal contre la liberté de la presse.

Jean-Yves Ntoutoume, Président de l’OPAM, interpelle directement le Gouvernement et les ministres concernés pour mettre fin à ces pratiques sécuritaires qui menacent les acquis démocratiques de la Cinquième République. « La dépénalisation n’est ni une faveur ni une tolérance, mais une disposition légale qui a contribué à améliorer la réputation du Gabon, désormais 41e au classement mondial de Reporters Sans Frontières en 2025, contre la 56e place en 2024 » 

Cette affaire, loin d’être un simple fait divers, révèle une tension persistante entre le pouvoir et la presse, où les avancées juridiques en faveur de la liberté d’expression sont régulièrement bafouées. L’OPAM exhorte les autorités à respecter ces acquis et à garantir un environnement libre et sécurisé pour les journalistes, condition essentielle à la vitalité démocratique du pays. 

Cette énième convocation d’un journaliste dans une brigade soulève également des questions de compétence. L’Ordonnance n°00012/PR/2018 du 23 février 2018 portant dépénalisation du délit de presse en République Gabonaise, est pourtant claire en la matière. Désormais tout délit précité doit faire l’objet d’une procédure auprès de la Haute Autorité de la Communication (HAC), du reste organe régulateur. A partir de ce moment, en vertu des dispositions légales, les services de gendarmerie, de police et de justice ne doivent plus accepter et laisser prospérer des convocations pour délits de presse contre les journalistes. 

Gageons que cette convocation de trop d’un journaliste qui tend à porter atteinte aux efforts des nouvelles autorités dans le combat pour la liberté de la presse soit la dernière.  

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