Libreville, le 3 Juin 2025 – (Dépêches 241). Le Gabon a décidé d’interdire l’exportation du manganèse brut à compter du 1er janvier 2029, une mesure phare destinée à renforcer la transformation locale et à dynamiser la base industrielle nationale. Cette décision, présentée comme une « orientation souveraine irréversible », impose aux acteurs du secteur une période transitoire de trois ans pour s’adapter et investir dans la transformation locale du minerai.
Dans ce contexte, le groupe français Eramet, co-actionnaire majoritaire de la société gabonaise Comilog, acteur clé du manganèse au Gabon depuis plus de 30 ans, a réagi avec prudence mais sans hostilité. Par communiqué, Eramet « prend note » de cette intention gouvernementale et se dit prêt à soutenir les ambitions gabonaises, tout en insistant sur son engagement à préserver le rôle stratégique de Comilog et de sa filiale Setrag, ainsi que les 10 460 emplois locaux qu’ils génèrent.
Cette posture, mêlant reconnaissance de la souveraineté gabonaise et volonté de collaboration constructive, masque toutefois une vigilance implicite. En effet, la transformation locale du manganèse impose d’importants investissements industriels et logistiques, dans un contexte où Eramet a déjà connu des difficultés opérationnelles et une baisse de la demande mondiale, notamment chinoise. La transition vers une industrie locale de transformation pourrait donc bouleverser les équilibres économiques et sociaux, mettant à l’épreuve la capacité du groupe à maintenir sa rentabilité et son influence au Gabon.
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Derrière l’apparente harmonie, cette annonce révèle une tension latente entre la volonté gabonaise d’industrialisation autonome et les intérêts d’un acteur étranger majeur, qui devra s’adapter ou risquer de perdre son leadership. La réussite de cette politique dépendra de la capacité de l’État à accompagner efficacement les opérateurs, à sécuriser les emplois et à faire émerger une vraie chaîne de valeur locale, tout en gérant les risques sociaux et économiques liés à cette transition.
L’interdiction d’exporter le manganèse brut marque donc une étape cruciale pour le Gabon, symbolisant une ambition industrielle forte mais fragile, où Eramet, partenaire historique, se positionne en allié prudent, conscient des enjeux et des défis à venir.
