
Libreville, le 30 avril 2025 – (Dépêches 241). Lancée en mars 2025, l’opération baptisée « MOUELE » constitue une initiative inédite dans la gestion de la dette intérieure gabonaise. Elle repose sur une triple stratégie: reprofilage de dette, titrisation de créances bancaires et mobilisation de ressources nouvelles. En un mot, il s’agit de transformer une dette à court terme, pesante et risquée, en un portefeuille restructuré, plus stable, mieux échelonné dans le temps et moins coûteux pour l’État.
Avant cette opération, la dette intérieure du Gabon atteignait 2 196 milliards de FCFA, dont près de 80 % étaient concentrés sur la période 2025 – 2027. Cette accumulation d’échéances à court terme exposait le pays à un risque de refinancement massif et rapide, avec une maturité moyenne de seulement 2,3 ans. Une configuration intenable dans un contexte budgétaire contraint et de tension sur les marchés.
L’opération, « MOUELE », a d’abord permis de reprofiler 592 milliards de FCFA de dette sur le marché des titres publics de la CEMAC, en allongeant les échéances à 5 et 7 ans. Ensuite, 473 milliards de FCFA de créances bancaires ont été titrisés, c’est-à-dire transformés en obligations du Trésor d’une durée de 9 ans avec deux ans de grâce. Enfin, l’État a mobilisé 338 milliards de FCFA de ressources nouvelles pour financer la conversion de ces dettes, en s’appuyant sur la confiance renouvelée des investisseurs.
L’objectif n’était pas seulement d’étaler la dette, mais aussi de gagner en capacité budgétaire. À terme, l’opération dégage un gain global de 680 milliards de FCFA, dont 494 milliards en marge budgétaire et 189 milliards en économies sur les intérêts. Ces ressources redonnent à l’État une marge de manœuvre pour financer ses priorités économiques et sociales, tout en stabilisant ses relations avec le secteur bancaire.
Conduite sous la houlette des ministères en charge des Comptes publics et de l’Économie, et soutenue par des partenaires comme la Banque mondiale, le FMI, la BAD ou encore l’AFD, l’opération MOUELE illustre une volonté de réforme et de rigueur budgétaire. Elle pourrait, à terme, servir de modèle à d’autres pays d’Afrique centrale confrontés à une pression croissante sur leurs dettes intérieures.