Gabon : une dette sous perfusion, un gouvernement à la merci des marchés alerte Fitch Ratings 

L’agence de notation Fitch Ratings alerte le nouveau régime sur l’impérieuse nécessité de mieux restructurer sa dette nonobstant l’opération de reprofilage mise en place récemment ©Montage Dépêches 241

Libreville, le 14 Mai 2025 – (Dépêches 241). Fitch Ratings a récemment publié une note qui sonne comme un sérieux avertissement : le Gabon a évité de justesse un défaut de paiement grâce à une opération d’urgence sur le marché régional, mais sa situation financière demeure précaire. L’opération dite de reprofilage, qui a porté sur 592 milliards FCFA, n’est qu’un répit obtenu à la faveur d’un soutien exceptionnel de banques locales, sans résoudre le problème de fond : un État chroniquement à court de liquidités, englué dans une dépendance croissante à l’endettement.

L’agence américaine n’est pas dupe. Elle précise que cette opération ne constitue pas une restructuration significative de la dette, tant son envergure reste limitée. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une stratégie de redressement budgétaire, mais d’une fuite en avant pour éviter une échéance critique. Le maintien de la note souveraine du Gabon à « CCC » reflète cette réalité : un pays vulnérable, dont la capacité à honorer ses engagements à moyen terme est considérée comme très incertaine. En langage de marché, le Gabon est désormais dans la zone rouge.

Preuve supplémentaire de cette défiance, le taux record de 12,7% exigé lors du dernier emprunt en dollars sur le marché américain. Un chiffre qui place le Gabon parmi les pays les plus risqués du continent. À ce niveau de rendement, les investisseurs réclament une prime de risque exorbitante, traduisant leur conviction que le pays pourrait ne pas rembourser. Une telle situation compromet la viabilité de tout programme de financement futur, notamment pour des projets d’infrastructures déjà fortement dépendants de financements extérieurs.

À cela s’ajoute un contexte pétrolier défavorable. Fitch souligne que le Gabon a besoin d’un baril à 85 dollars pour équilibrer son budget, alors que les prévisions pour 2025 oscillent autour de 65 dollars. L’écart est considérable et met en lumière la fragilité structurelle d’une économie encore trop dépendante des hydrocarbures, malgré les discours récurrents sur la diversification. Moins de recettes, plus de dettes : l’équation est intenable.

Enfin, l’agence évoque un retour probable du Gabon sous la tutelle du FMI après la présidentielle. Un retour inévitable, mais potentiellement difficile, car le pays a montré à plusieurs reprises son incapacité à respecter ses engagements dans le cadre des précédents programmes. Sans réforme structurelle sérieuse et une gouvernance budgétaire crédible, l’accès aux financements internationaux restera conditionné à des exigences de plus en plus strictes. Pour l’heure, le Gabon ne rassure ni les marchés, ni ses créanciers. 

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