Casser, déshumaniser, humilier avant de réparer: la vision « innovante » du Gouvernement Oligui Nguema ?

La méthode du gouvernement Oligui Nguema dans le dossier des casses et déguerpissements dans Libreville fait grincer les dents et choque l’opinion  ©DR

Libreville, le 20 juin 2025 – (Dépêches 241). Les  déguerpissements dans plusieurs quartiers de Libreville, qualifiés par plusieurs observateurs et acteurs politiques d’inhumains, révèlent un profond malaise et une gouvernance de plus en plus éloignée des attentes des populations. En effet, en ordonnant les destructions sans délai, sans indemnisation pour beaucoup et sans prévoir un plan de relogement concret pour de nombreuses familles, le Gouvernement n’a pas seulement jeté des concitoyens à la rue: il a surtout démontré à quel point le bien-être du peuple gabonais semble absent de ses priorités. Une gestion de la situation empreinte d’un certain cynisme qui consiste à humilier et déshumaniser les populations avant de proposer, dans l’urgence, des solutions qui auraient dû être étudiées préalablement.

Alors que la Ve République n’en est qu’à ses balbutiements, le Gouvernement ne cesse d’adopter des mesures aux antipodes des engagements pris par le Président de la République, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, devant le peuple gabonais. Ce peuple, qui nourrissait de grands espoirs en cette nouvelle ère, se voit aujourd’hui malmené. Plutôt que d’entretenir cette flamme de l’espoir , les plus hautes autorités ont visiblement choisi une gouvernance qui inquiète.

Les promesses du Chef de l’État deviennent chaque jour un peu plus creuses. Celui qui, hier encore, se voulait proche du peuple, n’hésitant pas à l’enlacer, à l’écouter, à reprendre ses chansons et à parler son langage, semble aujourd’hui avoir perdu toute empathie. L’enfant du village semble renier son village, oubliant le rôle essentiel des villageois qui l’ont porté au pouvoir. Sur la toile, de nombreux internautes, qui croyaient enfin pouvoir rêver à une vie meilleure, se retrouvent brutalement désillusionnés. Ils se sentent trahis par un gouvernement qui a manifestement décidé de faire sans plus écouter la douleur et les cris de ce peuple qui lui a donné mandat.

Une opération aveugle, brutale et inhumaine 

En substance, aux nombreux cris de détresse et supplications des populations, le Gouvernement n’a opposé que pelleteuses et  bulldozers, semant chaos et désolation, le tout encadré par des forces de l’ordre prêtes à réprimer toute forme de contestation. Cette attitude condescendante, humiliante et profondément déshumanisante a été orchestrée par les nouveaux dirigeants, qui semblent avoir oublié que leur légitimité émane du même peuple.

Les violents déguerpissements menés dans les quartiers de Plaine-Orety, derrière l’Assemblée Nationale et autour des Ambassades de Chine et de Russie illustrent de manière accablante le caractère brutal, inhumain et profondément antisocial de certains choix politiques actuels. Le Chef de l’État, par ces décisions, démontre une volonté de développement qui exclut le peuple au lieu de le servir. Il ordonne des destructions sans concertation, sans mesures d’accompagnement, exposant femmes, enfants, personnes âgées, handicapées et veuves à la rue, effaçant d’un seul trait toutes les promesses de restauration de la dignité des gabonais faites au peuple.

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Cela dit, Après avoir tenté de décrédibiliser les sinistrés à travers une campagne de communication orchestrée via les médias publics et parfois privés, la réalité s’impose: la polémique enfle, les cris de détresse s’intensifient, et l’image du Président, jusque-là présentée comme salvatrice, s’érode chaque jour davantage. L’amateurisme du gouvernement dans cette affaire ne fait qu’aggraver la situation. Dos au mur, le nouveau régime se voit contraint d’initier des démarches d’apaisement, dans le but de trouver des solutions urgentes et possiblement pérennes à la catastrophe humanitaire engendrée.

Une tentative de réparation en mode « médecin après la mort » 

Dans cette logique, le Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, premier responsable devant le peuple, n’a eu d’autre choix que de se rendre personnellement sur le terrain. Une visite nocturne au cours de laquelle il a rencontré des citoyens vivant dans la précarité, à la belle étoile, ou hébergés provisoirement par des bienfaiteurs, notamment dans le quartier Nzeng Ayong. Ce déplacement visait à rassurer et à témoigner d’une volonté, même tardive, de trouver des solutions concrètes à la détresse des populations.

À la suite de cette visite, le Chef de l’État a reçu à la Présidence de la République une délégation représentant les victimes de ce drame humanitaire, afin d’écouter leurs doléances et envisager des mesures justes susceptibles de leur permettre de recouvrer leur dignité perdue. Il aurait ainsi compris qu’un développement sans le peuple est non seulement illusoire, mais surtout destructeur. Car, un pays ne peut se construire sans, et encore moins contre, ceux qui en sont la force vive.

Certes, cette démarche d’apaisement arrive tardivement, mais elle a le mérite d’exister. Espérons donc qu’à l’avenir, le Chef de l’État prendra le temps de consulter, d’indemniser et de reloger dignement ses concitoyens avant tout projet de déguerpissement. Il ne saurait être acceptable de persister dans une politique faite de brutalité, d’humiliation et de déshumanisation, puis de se présenter en pompier. Cette méthode est indigne d’un État de droit, et encore plus d’une Ve République censée incarner la rupture d’avec l’ancien régime. Ce que vivent les populations de plusieurs quartiers de Libreville depuis le 2 juin 2025 indécent et contribue à décrédibiliser le nouveau pouvoir qui prétendait incarner la libération, tout en renforçant les arguments de ceux qui doutent de la sincérité de la gouvernance actuelle. 

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