
Libreville, le 2 Juillet 2025 – (Dépêches 241). Au Gabon, alors que les candidats à la présidentielle du 12 avril 2025 avaient jusqu’au 25 juin pour déposer leurs comptes de campagne, la Cour des comptes est montée au créneau face à certaines résistances, notamment celle d’Alain-Claude Bilie-By-Nze. Ce dernier, estimant ne devoir aucun compte à la juridiction en raison du caractère privé des fonds utilisés, s’était publiquement opposé à cette obligation. Une position que la Cour a fermement rejetée, en rappelant les fondements juridiques de son rôle de contrôle.
Dans un communiqué daté du 27 juin, la haute juridiction financière a tenu à réaffirmer sa compétence, prévue à l’article 368 du Code électoral, qui lui confère le pouvoir de juger de la régularité et de la sincérité des comptes de campagne. Elle a précisé que ce contrôle s’exerce indépendamment de la nature des fonds, qu’ils soient publics ou privés, en insistant sur les impératifs de moralisation de la vie publique, de lutte contre le blanchiment et de respect des plafonds de dépenses.
La Cour a souligné que chaque candidat est tenu d’établir un compte retraçant l’ensemble des ressources perçues et dépenses engagées, même en l’absence de financement public. Elle considère cette exigence comme une obligation absolue à laquelle aucun candidat ne peut se soustraire. Ce rappel sonne comme une réponse directe à Alain-Claude Bilie-By-Nze, dont la posture de défiance pourrait entraîner de lourdes conséquences.
Dans le même communiqué, la Cour a détaillé les sanctions encourues en cas de manquement : amendes comprises entre 50 000 et 500 000 francs CFA par mois de retard, 20 000 francs CFA par injonction non respectée, et jusqu’à 2,5 millions de francs CFA pour toute entrave à son action. Mais au-delà de ces sanctions pécuniaires, l’institution a également évoqué un levier politique de taille : la possibilité de proposer l’inéligibilité du candidat défaillant pour une durée de cinq à dix ans.
Enfin, la Cour a conclu en affirmant sa détermination à faire « application de la loi dans toute sa rigueur », laissant peu de place à l’interprétation ou à l’impunité. Ce message semble s’adresser non seulement à Bilie-By-Nze, mais aussi à tout autre candidat tenté d’ignorer ses obligations légales.
Dans ces conditions, en rappelant avec fermeté les obligations légales en matière de reddition des comptes de campagne, la Cour des comptes entend préserver la crédibilité du processus électoral et lutter contre les dérives financières. À l’heure où le Gabon cherche à instaurer une gouvernance plus vertueuse, cette posture marque un tournant vers une plus grande exigence de transparence. Il reste désormais à savoir si Alain-Claude Bilie-By-Nze et les autres candidats récalcitrants se conformeront à la loi ou s’exposeront à des sanctions aux conséquences potentiellement décisives pour leur avenir politique