
Libreville, le 25 juillet 2025-(Dépêches 241). La fracture s’accentue au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG), jadis formation hégémonique du pouvoir gabonais. Dans une sortie virulente, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, nouveau Secrétaire Général du PDG nommé par Ali Bongo Ondimba, s’en est violemment pris à la faction du Parti dirigée par Blaise Louembé. Ce dernier, désormais perçu comme proche du nouveau régime de Libreville, est accusé de « trahison politique », voire de manquement grave à l’honneur militant.
Ali Akbar Onanga ne mâche pas ses mots. Pour lui, jamais dans l’histoire politique mondiale un Parti n’a soutenu « celui qui l’a renversé », en l’occurrence par un coup d’État. Il estime « contre-nature » la relation qui semble désormais unir la branche Louembé à l’auteur du coup d’État du 30 août 2023. Selon ses termes, ce soutien manifeste au pouvoir actuel par une frange du PDG constitue un « cas d’école » de l’opportunisme politique, digne des manuels universitaires, tant il viole les règles élémentaires de cohérence idéologique.
L’ancien Ministre, aujourd’hui fervent défenseur d’un PDG « resté fidèle à ses principes » et accuse les « Louembistes » d’avoir tourné le dos à l’histoire du Parti. Il leur reproche notamment d’avoir tenté de destituer Ali Bongo Ondimba de sa fonction de Président statutaire du Parti, au mépris des textes fondateurs du PDG et des sacrifices consentis par les militants. Selon lui, cette faction agit en renégats, uniquement soucieux de se repositionner dans le nouveau système post-coup d’État, quitte à renier leurs convictions politiques.
La lutte pour le contrôle du PDG prend désormais la forme d’une guerre ouverte entre deux visions irréconciliables: celle d’une fidélité à la légalité statutaire, incarnée par Ali Akbar Onanga, et celle d’une adaptation pragmatique aux nouvelles réalités du pouvoir, défendue par Louembé et ses partisans. Mais pour Onanga, cette dernière posture n’est rien d’autre qu’une trahison en bande organisée contre l’histoire et la mémoire du PDG.
Dans une diatribe nourrie d’ironie et d’indignation, Ali Akbar Onanga semble considérer que ces acteurs ont fait du PDG la risée du monde entier et ont « humilié des millions de militants qui ont donné leur sang pour ce Parti », a-t-il ajouté. Il voit dans cette allégeance à Oligui Nguema non seulement une erreur stratégique, mais surtout une faute morale, une insulte à l’héritage politique des pères fondateurs du PDG, à commencer par Omar Bongo Ondimba lui-même.
Face à ce qu’il considère comme une dégénérescence politique, le Secrétaire Général loyaliste conclut avec amertume : « Comment peut-on être à ce point dénué de dignité politique ? ». Une question rhétorique qui sonne comme une condamnation sans appel de ceux qui, selon lui, ont troqué la fidélité militante contre la servilité et l’opportunisme dégradants.
Au regard de ce qui précède, la crise interne qui secoue aujourd’hui le PDG n’est pas seulement une querelle de leadership. Elle traduit une rupture profonde entre deux visions du militantisme et du rapport au pouvoir. En dénonçant avec force l’attitude des « Louembistes », Ali Akbar Onanga tente de poser les bases d’une réhabilitation du PDG historique. Reste à savoir si cette ligne dure survivra au choc de ce duo et à l’appétit de ce nouveau régime qui semble tout ravager sur son passage.







