
Libreville, le 17 août 2025 – (Dépêches 241). Il fallait oser. À l’occasion des 65 ans de l’indépendance du Gabon, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), parti du président Oligui Nguema, a publié une infographie censée rendre hommage aux grandes figures politiques du pays. Mais, surprise : aucune trace d’Ali Bongo Ondimba. Quatorze années de règne balayées d’un revers de souris, comme si elles n’avaient jamais existé. Voilà donc la nouvelle méthode des bâtisseurs: falsifier, travestir et réviser l’histoire au nom du populisme.
Que l’on aime ou déteste Ali Bongo Ondimba, nul ne peut nier son passage à la tête du pays. L’effacer, c’est un mensonge grossier. Mieux, une mutilation de la mémoire nationale. Plus encore, c’est une insulte à l’intelligence collective. Car derrière ce geste prétendument « symbolique » se cache la même hypocrisie et l’avilissement des courtisans : ceux qui, hier encore, chantaient ses louanges, s’agenouillent aujourd’hui devant son successeur, convaincus qu’effacer l’un renforcera la gloire de l’autre.
Cette attitude est dangereuse. Dangereuse pour l’histoire, dangereuse pour la cohésion nationale. Car si certains Gabonais se réjouissent de la chute d’Ali Bongo, d’autres lui restent attachés. Faire disparaître son image, c’est attiser les fractures, cultiver le ressentiment et réduire le récit national à une propagande de parti. Est-ce cela, bâtir le Gabon ? Peut-on prôner l’Union comme valeur de son parti et œuvrer pour l’exclusion ? Ou est-ce plutôt préparer le terrain à un culte de la personnalité, où le président du moment devient l’alpha et l’oméga de la mémoire collective ?
Le parti présidentiel fossoyeur de l’histoire nationale ?
La vérité, c’est que l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) ne construit rien : elle recycle les vieux réflexes du « kounabélisme » servile, où l’on efface le passé pour plaire au roi d’aujourd’hui. Mais la mémoire des peuples est têtue. Elle n’obéit pas aux infographies bricolées dans l’urgence, le déni et la complaisance. Les Gabonais se souviendront toujours de ce qu’ils ont vécu, qu’on leur plaise ou non.
En tentant de gommer Ali Bongo de l’histoire, l’UDB révèle surtout son cynisme et son complexe: ne pas assumer son propre passé, quand bien même une bonne partie de ses dirigeants furent des acteurs zélés de ce règne et de ce système Bongo-PDG. Voilà pourquoi ce parti n’est pas seulement populiste : il est dangereux. Car falsifier l’histoire, c’est ouvrir la voie à toutes les manipulations, même celles de la loi et des fondements de la Nation Gabonaise. Cela est d’autant plus dangereux que ce parti est dirigé par ceux qui sont censés implémenter une supposée restauration.







