Gabon: Henri-Claude Oyima, le banquier qui dirige le ministère de l’économie depuis sa holding 

Henri-Claude Oyima en compagnie du Président de la République, Chef de l’Etat et du gouvernement Brice Clotaire Oligui Nguema © DR

Libreville, le 19 août 2025 – (Dépêches 241). Depuis sa nomination au gouvernement, Henri-Claude Oyima cumule les fonctions de ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances, des Participations et de la Dette. Mais ce cumul pose question. Comme il le souligne lui-même : « Peu importe le titre, c’est toujours la même personne. Ministre d’État ou Président, c’est moi dans les deux cas. » Cette affirmation illustre le problème central : un homme chargé de piloter les finances publiques tout en conservant des responsabilités économiques privées importantes. Une situation qui soulève des interrogations légitimes sur la neutralité et l’impartialité des décisions gouvernementales.

À propos de la mise en œuvre du plan de 10000 milliards FCFA sur 7 ans pour relancer l’économie, Oyima se contente de déclarations générales : « Nous travaillons dessus, et je vous en dirai plus en temps voulu. » Pourtant, il reste flou sur les priorités, les modalités concrètes de financement et les arbitrages entre intérêts publics et privés. Dans ce contexte, la question de savoir si des mécanismes comme la centrale d’achat ne risquent pas de favoriser certains opérateurs privés au détriment des populations est parfaitement légitime.

Sur la question des incompatibilités liées à ses fonctions, il se défend : « Vous pensez qu’après avoir dirigé pendant 40 ans, je n’ai pas une idée de qui peut me succéder ? Bien sûr que j’ai un nom. ». Cette volonté de contrôle, lorsqu’elle se transpose au gouvernement, peut limiter la transparence et la capacité de l’État à imposer des décisions indépendantes, surtout dans des domaines stratégiques comme la gestion de la dette et des participations publiques.

Concernant les bailleurs de fonds et le FMI, Oyima insiste sur une approche interne : « Le FMI attend généralement d’un pays une gestion rigoureuse des finances publiques, des comptes équilibrés et une trajectoire budgétaire crédible. » Si la rigueur est essentielle, le fait que l’un des principaux architectes de cette gestion soit en même temps un acteur privé majeur soulève des doutes sur la capacité réelle de l’État à garantir que les décisions financières servent d’abord l’intérêt général.

En filigrane, cet entretien révèle une double dynamique. Celle d’un ministre qui prétend gérer l’économie nationale avec technicité et sérieux, et celle d’un acteur privé attaché à la pérennité de ses propres intérêts. Comme il le dit lui même « ce qui compte, c’est la stabilité de la maison. Pas les effets d’annonce. » Une déclaration qui pourrait, si elle s’applique au gouvernement, traduire une priorité accordée aux équilibres internes de ses affaires plutôt qu’aux besoins immédiats des Gabonais. C’est peut-être ça la Vème République. 

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