Dépenses de fonctionnement : une machine administrative qui engloutira presque toutes les recettes en 2026

Le Président de la République, Chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguema pendant le Conseil des Ministres © DR

Libreville, le 10 septembre 2025 – (Dépêches 241). Derrière le gigantisme du budget 2026 annoncé en fanfare ce mardi en marge du conseil des ministres de ce lundi 8 septembre, se cache une réalité préoccupante, troublante même. Les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 3569 milliards de FCFA, soit quasiment l’équivalent des recettes nettes prévues (3664,1 milliards). Autrement dit, presque toute la collecte de l’État servira à faire tourner la machine administrative, laissant une marge résiduelle dérisoire de 95 milliards. Un paradoxe qui illustre la difficulté chronique du pays à réduire son train de vie étatique.

Le détail des charges de fonctionnement révèle un déséquilibre structurel. Le service de la dette à lui seul absorbe 1676,7 milliards, dont près de 1000 milliards d’amortissements. À cela s’ajoutent les rémunérations des agents publics (959,7 milliards), les dépenses de biens et services (412,3 milliards), ainsi que des transferts sociaux et subventions pour plus de 441 milliards. Un tel niveau de charges courantes réduit considérablement la capacité de l’État à réorienter ses ressources vers des projets productifs et créateurs d’emplois.

Ce constat contredit l’engagement affiché de « maîtriser la masse salariale » et d’assainir les finances publiques. Si certaines mesures sont prévues, comme la mise à la retraite systématique des agents ayant atteint l’âge limite, elles semblent bien insuffisantes face à la rigidité des dépenses de fonctionnement. Le risque est grand que l’État continue d’accumuler des charges fixes lourdes, sans parvenir à libérer suffisamment de marges pour l’investissement.

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Le poids du fonctionnement met aussi en lumière une faiblesse institutionnelle. La difficulté à rationaliser les dépenses publiques et à lutter efficacement contre les gaspillages. Le danger est de voir l’essentiel du budget consacré au maintien d’un appareil administratif coûteux, au détriment des véritables priorités de développement. La contradiction est d’autant plus flagrante que le gouvernement revendique une logique de « budget base zéro », censée imposer une justification stricte de chaque dépense.

Si ce budget devait être exécuté tel quel, le Gabon courrait le risque d’alimenter un cercle vicieux avec des recettes englouties par le fonctionnement, des investissements financés par l’endettement, et une économie qui peine à se transformer. La crédibilité de la réforme budgétaire dépendra donc de la capacité à rééquilibrer durablement cette structure déséquilibrée, faute de quoi l’ambition de souveraineté économique restera lettre morte. 

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