Élection 2025: après le coup de pression de Ntoutoume Ayi, Immongault proclame d’autres résultats pour Akanda 

La sortie musclée de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi a eu un effet immédiat © Dépêches 241

Libreville, le 30 septembre 2025 – (Dépêches 241). La scène politique gabonaise a encore offert un spectacle qui frise l’indécence démocratique. Le 28 septembre, Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur et président de la CNOCER, a proclamé des résultats controversés pour le 2ᵉ arrondissement d’Akanda. Vingt-quatre heures plus tard, sous la menace à peine voilée de Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, candidat de l’Union Nationale (UN), le même ministre est revenu sur ses propres chiffres en annonçant un second tour qui ne correspondait plus à ce qu’il avait déclaré la veille. Ce revirement spectaculaire, loin d’apaiser les tensions, alimente les soupçons de manipulation et de falsification. 

La volte-face d’Immongault, diffusée sur Gabon-Première, a eu l’effet d’une bombe. Alors que les premiers résultats plaçaient Ntoutoume Ayi face à Franck Nguema, figure bien connue depuis 2018, c’est finalement Pascale Franck Nze Ndong Nze de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) qui sera son adversaire au second tour. Cette rectification brutale, à la suite d’une sortie musclée du candidat de l’UN, traduit à la fois l’improvisation et la fragilité de l’appareil électoral. Elle confirme, aux yeux de nombreux observateurs, que les dés étaient peut-être initialement pipés et que la CNOCER a tenté de tordre les résultats. 

Ce scandale, particulièrement répugnant, révèle deux choses : d’une part, la complicité tacite du ministre de l’intérieur dans la volonté de tronquer les résultats pour protéger certains candidats, et d’autre part, l’absence totale de fiabilité de l’institution censée garantir la transparence électorale. L’épisode donne raison aux voix qui dénoncent depuis longtemps les fraudes massives, les irrégularités et la falsification systématique des résultats des urnes au Gabon. Dans ce contexte, l’image d’Immongault s’effrite et sa crédibilité politique, déjà fragile, est sérieusement compromise. 

Le Scandale d’Akanda, symptôme d’un système électoral défaillant 

Ntoutoume Ayi, lors de sa conférence de presse remarquée, n’avait pas mâché ses mots : « L’écart significatif, inexplicable et inacceptable entre les résultats réels que nous vous avons annoncés et ceux proclamés par le président de la CNOCER prouve que les résultats ont été falsifiés », a-t-il affirmé, exigeant du ministre qu’il revienne sur sa décision. La menace a fonctionné : quelques heures plus tard, Immongault s’exécutait devant les caméras, livrant ainsi un aveu implicite d’incompétence et d’improvisation. 

Ce reniement, en corrigeant non seulement l’identité des adversaires mais aussi l’écart des voix, démontre à quel point ces élections sont minées par des anomalies. Les assurances répétées du pouvoir sur la crédibilité du scrutin apparaissent désormais comme une farce. Dans un État de droit digne de ce nom, une telle mascarade devrait logiquement conduire à l’annulation pure et simple du scrutin. Au lieu de cela, le Gabon s’enfonce dans une dérive inquiétante où la propagande tient lieu de gouvernance électorale.

Au final, le cas d’Akanda n’est pas un accident isolé, mais le symptôme d’un système malade. Il illustre la permanence des pratiques opaques d’un régime qui peine à se réinventer. Si un ministre de l’Intérieur peut modifier en 24 heures les résultats officiels sous la pression d’un candidat, c’est que la République n’est plus qu’une coquille vide, et que l’élection de 2025 restera comme l’une des plus contestées de l’histoire politique gabonaise.

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