De l’exil au reniement: Séraphin Moundounga, l’éternel laudateur du pouvoir 

Séraphin Moundounga, quand le vice-président de la République se vautre dans le zèle d’un autre temps © Dépêches 241

Libreville, le 1er octobre 2025 – (Dépêches 241). Vice-président de la République, Séraphin Moundounga s’est récemment illustré par une sortie déconcertante: louer en conscience et avec une assurance ahurissante, la régularité du dernier scrutin que tous jugent frauduleux. Une posture qui rappelle étrangement ses envolées flatteuses du temps d’Ali Bongo dont il était, du reste, un des laudateurs les plus zélés. Malgré un long exil et un discours démocratique affiché en France, l’homme semble n’avoir tiré aucune leçon de son passé. Retour sur la dérive d’un dignitaire dont la fonction semble désormais réduite à celle de courtisan du pouvoir et de son nouveau prince. 

Il est des hommes politiques que le temps adoucit, que l’exil instruit, que les épreuves transforment en sages. Et puis, il y a Séraphin Moundounga. Dimanche dernier, en mondovision, le Vice-président de la République gabonaise s’est fendu d’une déclaration d’un autre siècle. Sans sourciller, sans rougir, sans l’ombre d’une hésitation, il a déclaré que les élections législatives et locales du 27 septembre, décriées de toutes parts pour leur fraude massive et leur gestion chaotique, s’étaient « bien déroulées ». Il fallait l’oser. Moundounga l’a fait.

Un tel aplomb dans le déni, une telle révérence envers le pouvoir, ne surprennent guère ceux qui se souviennent du passé de l’homme. Car oui, avant de jouer les griots d’Oligui Nguéma, Séraphin Moundounga était déjà le chantre zélé du régime Bongo. Sous Ali Bongo, il officiait en fidèle soldat du mensonge officiel, habillant l’humiliation démocratique de formules creuses et d’un loyalisme sans nuances. À croire qu’il a fait de la servilité un programme politique.

Quand l’exil n’enseigne rien… 

Et pourtant, après sa traversée du désert, sept années d’exil en France, on aurait pu espérer une métamorphose de l’homme, une évolution ou modification du logiciel. Il y avait là, dans cette retraite imposée, l’opportunité d’un sursaut, d’un examen de conscience. D’ailleurs, n’était-il pas devenu, à distance, un chantre du respect des institutions, de l’État de droit, de la démocratie ? Certains y avaient cru. Manifestement, ils ont eu tort.

Car au lieu d’en revenir grandi, Séraphin Moundounga est revenu vieilli, certes, mais non mûri. Non pas renforcé par les leçons de l’histoire, mais alourdi par l’ambition rance et la nostalgie du pouvoir. Il n’a rien appris. Il n’a rien oublié. Il est resté cet homme qui, sous tous les régimes, sous tous les maîtres, trouve les mots pour plaire , fût-ce au prix de l’intelligence, de la vérité ou de la morale.

Le retour du zèle sans mémoire 

Aujourd’hui, son rôle se limite tristement à celui de zouave de Cour, multipliant les flatteries à l’adresse du nouveau prince, Brice Clotaire Oligui Nguéma. Lors de la cérémonie de vœux de l’an 2025, pour une certaine opinion, il a atteint un sommet d’indignité en établissant, dans un raccourci historique aussi grotesque que déplacé, un parallèle entre Charles de Gaulle et le Général-Président gabonais. Il fallait non seulement manquer de lucidité, mais aussi de décence.

Mais la démagogie de Séraphin Moundounga ne s’arrête pas là. Elle va jusqu’à l’agression verbale de ceux qui, eux, ont le courage de dire la vérité. L’ancien Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima, qui n’a fait que dresser un constat lucide du chaos électoral, a été la cible de ses attaques gratuites et malvenues. Visiblement, dans l’univers politique de Moundounga, la vérité est suspecte et l’intelligence, subversive.

Le Vice, du Vice-président

Il est temps de rappeler à Séraphin Moundounga qu’il existe une chose que l’on appelle la morale en politique, et une autre que l’on nomme l’éthique de la fonction. Être Vice-président de la République, ce n’est pas être le premier des courtisans. Ce n’est pas faire usage de la dithyrambe à longueur de discours. Ce n’est pas salir le réel pour glorifier l’illusion.

Séraphin Moundounga aurait bonne grâce de se souvenir que l’histoire est cruelle avec les flatteurs professionnels. Elle les oublie ou les ridiculise. Dans son cas, elle pourrait bien faire les deux. Alors, Monsieur le Vice-Président, si vous ne pouvez pas élever la parole, élevez au moins le silence. Il est des silences qui honorent plus que les discours creux qui, au final, déshonorent.

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