
Libreville, le 4 octobre 2025 – (Dépêches 241). Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre de la Transition, a violemment répondu hier aux attaques de Séraphin Moundounga, actuel Vice-président de la République. Lors d’un point de presse tenu à Libreville, l’ex-chef du Gouvernement a livré une réplique cinglante, dénonçant une tentative maladroite et intéressée de travestir les faits à des fins de flatterie politique.
La sortie médiatique de Séraphin Moundounga a été largement perçue comme une tentative maladroite de flatter le pouvoir en place, au détriment de la rigueur intellectuelle attendue d’un homme de son rang. Son intervention, selon l’ancien Premier ministre, a été jugée creuse, approximative et fondée sur une lecture erronée des faits, qu’il aurait non seulement mal compris, mais qu’il aurait volontairement déformés dans une démarche jugée opportuniste. Plutôt que de corriger son erreur, le Vice-président aurait, selon Ndong Sima, persisté dans une posture biaisée, illustrant ce que d’aucuns qualifient de zèle flagorneur. « Persister dans l’erreur est diabolique », assène- t-il, dénonçant une dérive inquiétante de la parole institutionnelle.
Le ton de Ndong Sima n’a de ce fait laissé aucune place à l’ambiguïté. Face aux propos tendancieux et accusateurs récemment tenus par Séraphin Moundounga, Raymond Ndong Sima a tenu à rétablir ce qu’il considère comme la vérité, tout en décochant des flèches acérées à l’encontre de son ancien collègue de la Transition. L’ancien Premier ministre n’a pas mâché ses mots : « La sortie de M. Moundounga est à son image : superficielle, opportuniste, inscrite dans cette logique vénale qui vise à plaire aux détenteurs du pouvoir, sur un sujet qu’il a, comme à son habitude, mal compris et mal maîtrisé », a-t-il déclaré sèchement.
Au-delà du fond, c’est la forme même de la démarche qui interroge. La sortie du Vice-président est décrite comme révélatrice de l’obséquiosité d’un homme davantage préoccupé par sa propre visibilité que par la vérité ou la cohérence politique. Le natif d’Oyem évoque même une obsession notoire pour la notoriété, nourrie par un « complexe d’Erostrate », qui désigne une personne prête à tout pour la célébrité, y compris à commettre des actes destructeurs, pour marquer l’histoire et être reconnue. Ce besoin de reconnaissance personnelle, jugé disproportionné, serait incompatible avec l’humilité et la retenue attendues que recommande la fonction de Vice-Président de la République.
L’attitude de Séraphin Moundounga illustre également un malaise plus large : celui d’une classe politique qui peine à rompre avec les pratiques du passé. L’absence de recul, la tendance à instrumentaliser les débats, et l’empressement à plaire aux figures du pouvoir fragilisent la parole publique et minent les fondements mêmes de la Ve République. En s’érigeant en procureur dans un dossier qu’il semble mal maîtriser, Moundounga aurait involontairement exposé les limites d’un système où la loyauté supplante la lucidité, et où la forme prend trop souvent le pas sur le fond.
Dans un contexte où le peuple gabonais attend des signes clairs de rupture avec l’ancien ordre politique, de telles dérives verbales soulèvent une inquiétude croissante. Car à défaut de débat de fond, c’est une compétition d’ambitions personnelles qui semble se dessiner au sommet de l’État, au risque d’éroder encore davantage la confiance des citoyens dans les institutions de la Ve République.
Au-delà de l’échange personnel, cette passe d’armes révèle les tensions sous-jacentes qui minent les cercles du pouvoir autour de Brice Clotaire Oligui Nguéma. Les ambitions individuelles, les querelles d’ego et les calculs politiques semblent désormais prendre le pas sur la mission de refondation proclamée au lendemain du coup d’État. Entre anciens alliés, la rupture est désormais consommée et exposée au grand jour.







