
Libreville, le 10 octobre 2025 – (Dépêches 241). La guerre ouverte entre la directrice générale de la CNAMGS, Nadia Christelle Koye, et le président du conseil d’administration, Alain Claude Kouakoua, plonge l’institution dans une crise de gouvernance sans précédent. Alors que deux autorités se disputent la légitimité du pouvoir exécutif, l’absence de réaction claire des instances supérieures fait planer le risque d’une paralysie administrative aux conséquences lourdes. Une situation qui interroge jusque dans les plus hautes sphères du nouveau régime de la Ve République.
Alors que la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) traverse l’une des plus graves crises de gouvernance de son histoire récente, les conséquences de ce bras de fer entre la directrice générale Nadia Christelle Koye et le président du conseil d’administration, Emmanuel Kouakoua, commencent déjà à se faire sentir, bien au-delà des murs de l’institution.
Ce samedi 4 octobre 2025, réuni en session extraordinaire, le conseil d’administration de la CNAMGS, présidé par Alain-Claude Kouakoua, a officiellement entériné la suspension de Nadia Christelle Koye. Le poste de directrice générale est désormais assuré par son adjoint, Pierre Moussavou, désigné pour en assurer l’intérim. Cette décision, bien qu’attendue, ne met pas un terme aux zones d’ombre juridique qui entourent cette crise, ni aux tensions internes alimentées par l’absence d’un arbitrage clair venu des plus hautes instances de l’État.
Au-delà de cette nomination intérimaire, le cœur du problème demeure entier. La tenue du conseil d’administration, même avec le respect apparent des formes, ne règle en rien la crise de légitimité qui secoue la CNAMGS. En effet, tant que les accusations de vices de procédure soulevées par la directrice générale ne sont pas examinées par une autorité compétente et impartiale, et tant que le gouvernement n’apporte pas une clarification institutionnelle ferme, la coexistence de deux camps revendiquant le pouvoir exécutif fragilise durablement l’autorité au sein de l’organisme. Cette solution temporaire ne fait donc que masquer provisoirement un conflit plus profond, structurel, qui appelle une réponse politique et juridique de fond.
Car dans cette crise , il y a d’un côté, une directrice générale qui conteste sa suspension, dénonce un « abus de pouvoir » et invoque des vices de forme et de fond dans la procédure. De l’autre, un président du conseil qui désigne dans la foulée un intérimaire, Pierre Moussavou, sans que l’organe collégial ne se soit réuni. Cette double posture crée un vide juridique dangereux, où deux légitimités s’opposent à la tête d’une entité chargée de missions sociales vitales : prise en charge des populations vulnérables, paiement des prestations, gestion des cotisations et partenariats sanitaires.
Ce flou administratif n’est pas sans impact. À l’interne, plusieurs cadres de la CNAMGS s’interrogent sur la validité des instructions reçues et sur la chaîne hiérarchique à respecter. À l’externe, les partenaires institutionnels et les prestataires de santé risquent de voir les procédures se figer, faute de direction claire ou de signature reconnue. Un dysfonctionnement qui pourrait compromettre la mise en œuvre de la politique sociale du Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, dont la CNAMGS est l’un des bras opérationnels les plus stratégiques.
Plus profondément, cette crise pose une question embarrassante pour le gouvernement de transition : comment un tel conflit a-t-il pu éclater sans arbitrage rapide ou recadrage institutionnel ? Si la Ve République se veut fondée sur le respect du droit et la restauration de l’État, comme l’affirme régulièrement le président de la Transition, alors la CNAMGS devient un test de crédibilité. Soit l’exécutif tranche rapidement, en rappelant la primauté des textes et des procédures collectives, soit le risque est grand de voir se multiplier d’autres cas similaires, dans un climat de lutte de pouvoir et d’instabilité administrative.







