
Libreville le 21 Février 2022 – ( Dépêches 241). Lambert Noël Matha l’a décidé, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur a fait interdire sur toute l’étendue de territoire, les célébrations des mariages supposément folkloriques. Une mesure d’interdiction taillée sur mesure pour faire obstacle à Axel Jesson Ayenoue, maire du 4e arrondissement de la commune de Libreville, encensé, adulé et particulièrement convoité pour avoir révolutionné la célébration des mariages dans la capitale. Une ingéniosité qui gêne visiblement aux entournures à telle enseigne qu’impuissants face au talent de l’homme, certains maires ont fait le choix de la conspiration pour combattre et boycotter le génie inventif du secrétaire général de l’Union des Jeunes du Parti Démocratique Gabonais (UJPDG).
Ce qui était jusque-là un questionnement, une rumeur s’est transformé depuis peu en fait avéré. Axel Jesson Ayenoue « Le maire du bonheur » est manifestement victime de son succès. Le fait d’avoir révolutionné la célébration des mariages au Gabon en faisant de lui l’officier d’État civil le plus célèbre et le plus convoité du pays a finalement poussé les autorités gabonais, motivées par l’hypocrisie et la fourberie des autres maires du Grand Libreville, à lui interdir de poursuivre avec hardiesse et originalité ses célébrations.
L’idée qu’on veuille freiner l’ascension fulgurante de ce maire apprécié et très convoité par tous ceux qui veulent convoler en juste noce avait déjà fait son petit chemin quand en novembre dernier, Axel Jesson Ayenoue annonçait son interdiction de célébrer des mariages dans d’autres communes que la sienne. « Ils disent que je ne peux plus célébrer des mariages dans les communes voisines qui composent « Le Grand Libreville » avant de faire un clin d’œil ironique à ses pourfendeurs « Sans rancune à mes détracteurs… je ne fais que mon travail… » avait-il déclaré.
Son travail, du moins sa façon ingénieuse de faire son travail, c’est essentiellement ce sur quoi Lambert Noël Matha s’est insurgé en tenant un discours majoritairement dominé par le champ lexical du dénigrement. « Toutes ces scènes qui consistent à plein de folklore ne rentrent pas dans le rituel républicain donc vous écrirez à vos maires d’arrondissement de s’en tenir strictement à la loi », a-t-il indiqué.
Du « folklore », c’est en ces propos manifestement réducteurs que Lambert Noël Matha a qualifié une inspiration, une invention, une méthode pensée par un homme pour révolutionner une pratique devenue monotone, terne et froide. L’on se demande au nom de quoi et pourquoi le ministre de l’Intérieur réduit-il une idée avant-gardiste qui plus est à succès en de tels termes ? En quoi la célébration version Axel Jesson Ayenoue gêne t-elle ? Madame Désirée Singatady épouse Matha s’est-elle offusquée de ce qu’elle ne célèbre plus assez de mariage en raison de la notoriété du « Maire du Bonheur » que tout le monde s’arrache ?
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Des questionnements qui du reste valent leur pesant d’or, au regard de la solennité, que le ministre de l’intérieur, veut faussement accorder au mariage civil pour justifier sa prise de position. Lequel mariage, faut-il le rappeler, demeure une « importation » qui ne peut avoir le même crédit ou la même valeur symbolique, en termes de respect des pratiques, que le mariage traditionnel, qui fait partie intégrante de notre patrimoine culturel.
C’est là une attitude tristement rétrograde qui montre clairement que dans ce pays, on est plus enclins à annihiler et neutraliser le talent, le changement, pour laisser prospérer les platitudes et la médiocrité. Et ce même quand on est du même bord politique car dans le cas d’espèce, c’est bien le PDG qui porte entrave à l’émergence d’une idée promue et développée par une autre éminente personnalité du parti au pouvoir.
Un fait qui, au-delà du caractère réfractaire à la modernité dont font montre les détracteurs du secrétaire général de l’Union des Jeunes du Parti Démocratique Gabonais (UJPDG), pose un problème de convenance et de prévalence. Dans un pays sérieux, les maires des différentes communes ont pour priorité la matérialisation de la politique de développement de leurs communes, l’aménagement du territoire, l’entretien des voiries, l’assainissement des voies de circulation, au Gabon, pays entièrement à part, on fait du mode de célébration d’un mariage, une affaire d’Etat.
Quel en est l’intérêt ? Mieux, le ministre de l’Intérieur en a-t-il la légitimité ? Sur quels texte, loi ou disposition se fonde Lambert Noël Matha pour interdire les célébrations originales des mariages ? Jean Gaspard Ntoutoume Ayi vice président de l’Union Nationale a d’ailleurs jeté un pavé dans la marre sur le caractère légale du membre du gouvernement. « Les maires ne sont ni des gouverneurs, ni des préfets aux ordres du Ministre de l’Intérieur », a-t-il indiqué sur sa page Facebook.
Finalement, les propos de Lambert Noël Matha semblent déconnectés de la réalité. En effet, au moment où le libéralisme, qui a fait ses preuves dans de nombreux pays notamment anglo-saxons, conduit les États à limiter leur implication dans les échanges économiques et les activités humaines, afin de laisser place à l’expression des talents et de l’ingéniosité, le ministre de l’intérieur en interdisant les célébrations originales de Axel Jesson Ayenoue, refuse de se tourner vers la modernité. Pire, il favorise un nivellement vers le bas, aux antipodes du progrès et de l’émergence, recherchés par le Président de la République, Ali Bongo Ondimba, dont il prétend pourtant soutenir la politique.