Libreville, 22 Février 2022 – (Dépêches 241). Les derniers événements au Gabon soulèvent une énième fois le débat de l’existence et de la manifestation de l’autorité suprême au sommet de l’Etat. Une autorité portée par le président de la République, clé de voûte des institutions et déléguée à certains membres du gouvernement, lesquels outrepassent leurs prérogatives au point de se substituer à Ali Bongo Ondimba Himself.
Où est donc le président de la République ? C’est en droit la question que peut se poser en légitimité tout citoyen gabonais aujourd’hui, encore plus au regard de tout ce que l’on peut observer ces derniers temps dans cette société. Tant de faits interpellent à n’en point douter, cette réalité qui tend insidieusement à se transformer en banalité et en normalité.
Des femmes enceintes et d’autres venues soigner leurs enfants séquestrées au Centre Hospitalier Universitaire Jeanne Ebori ; des élèves-professeurs en réclamation de justice abandonnés à eux-mêmes et aux intempéries de toutes sortes devant le portail de leur École sans que cela n’offusque grand monde au sommet de l’État ; la baguette de pain devenue un produit de luxe, faute à une hausse vertigineuse du prix de la farine de blé. Voilà qui donne à chercher le président.
Des nominations à des postes hautement stratégiques dans la hiérarchie militaire effectuées à la hussarde et portant en elle les germes de la transgression des lois et des fondements de l’Etat de droit. En témoigne, la dernière nomination du nouveau chef d’État-Major des Forces armées gabonaises, le Général de division Jean Martin Ossima effectuée en violation de l’article 22 de la Constitution qui nous enseigne que « Le président est le Chef suprême des forces de défense et de sécurité. A ce titre, les questions de défense et de sécurité relèvent de son autorité directe ».
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Sans doute est-il là, parce qu’on le voit comme récemment sur la plan international, pourrait-on nous rétorquer. Toutefois, ce qui est attendu n’est pas qu’il soit présent, mais davantage qu’il agisse et commande avec autorité ce pays dans lequel tout le monde, pour peu d’exercer une fonction de pouvoir, se prend crânement pour le président. Policiers, directeurs dans l’administration publique, syndicalistes à la tête de certaines corporations, tous passent aujourd’hui pour des seigneurs. Tout ceci n’a rien d’un secret. Tout le monde le sait. Partout, depuis au moins de deux ans, la conduite des affaires publiques au Gabon interpelle.
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Dans ce contexte, ce ne sont pas des apparitions télévisuelles qui achèveront de convaincre toutes ces gabonaises et tous ces gabonais qui constatent l’inexistence d’une autorité dirigeante susceptible de remettre de l’ordre dans notre société. Non pas qu’il se fasse dictateur, ce qui serait dramatique, mais strictement président d’une République qui ressemble dorénavant à un campement. C’est-à-dire à un lieu où chacun, pour son propre profit, s’adonne à des activités de prélèvement de ressources nécessaires à sa survie…