Libreville, le 16 juin 2022 (Dépêches 241). Créée en 1964 par différents Etats africains dans l’optique de disposer d’un outil performant pouvant leur faciliter le traitement du brut, la Société gabonaise de raffinage anciennement Société Equatoriale de Raffinage, n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même. Gouvernance déficiente et fuites de recettes, manque d’informations détaillées sur les activités pétrolières empêchant le rapprochement des données et la réalisation de contrôles de cohérence, outil productif défaillant. Autant d’éléments qui en font aujourd’hui un boulet pour notre économie, tant et si bien que l’exécutif, pour la maintenir en vie, y injecte des sommes colossales années après années en dépit des priorités.
Que peut-on encore attendre de la Société Equatoriale de Raffinage (SER) devenue Société gabonaise de raffinage (Sogara)? Que peut-on encore espérer d’une entité plus instable que jamais qui en moins de six ans a vu passer à sa tête plus de directeurs généraux qu’au cours de ses cinquante premières années d’existence? Que peut-on encore espérer d’une entreprise qui importe aujourd’hui plus de 250 000 tonnes métriques de produits qu’elle est censée raffiner dans son usine et qui peine à satisfaire la demande locale? Telles sont les questions qui entourent aujourd’hui l’entreprise dirigée pour les prochains mois par Kevin Moungala.
En effet, alors que l’exécutif, en dépit de tout bon sens, avait acté l’augmentation de son capital à travers de généreuses subventions publiques pour soutenir l’investissement dans son outil productif et l’amélioration de ses résultats opérationnels et financiers, les résultats restent les mêmes, ce n’est pas la récente pénurie de gasoil, un produit dont elle est censée avoir raffiné près de 450 000 m3 qui prouvera le contraire. Au cœur d’une pyramide de gestion anarchique au même titre que la GOC dont le score sur l’indice de gouvernance des ressources naturelles n’est que de 11 points sur 100, la Sogara demeure donc un boulet pour notre économie.
Entre mauvaise gestion, crise de gouvernance, fuite d’investisseurs privés, manque d’informations détaillées sur les activités pétrolières empêchant le rapprochement des données et la réalisation de contrôles de cohérence, le tout auréolé de transferts financiers peu transparents, l’entreprise cinquantenaire est plus que jamais au bord du gouffre en plus d’être une véritable nébuleuse. Qu’on se le dise, la privatisation de l’outil productif de cette entité, ce n’est ni pour demain, ni pour après-demain.