Libreville, le 18 octobre 2022 – (Dépêches 241). Une récente enquête menée par les services judiciaires de l’hôtel de ville de Libreville révèle des soupçons de concussion, de corruption et de détournement des deniers publics dans la gestion des marchés municipaux sur la période de 2001 à 2019. Autant dire que plusieurs personnalités de la classe politique pourraient être éclaboussées par ladite enquête.
Il s’agit des anciens maires Paul Mba Abessole, André Dieudonné Berre, Jean François Ntoutoume Emane, ou encore Rose Christiane Ossouka entre autres. Ces derniers pourraient êtres traînés en justice pour des faits supposés de prise d’intérêt illégale, de concussion où encore de corruption, dans le cadre des contrats passés avec des concessionnaires dans la gestion des marchés municipaux de la capitale gabonaise.
C’est du moins ce que révèle une enquête menée par les services judiciaires de l’hôtel de ville de Libreville en juillet dernier. Les premiers éléments de l’enquête ont été rendus publics par le quotidien pro-gouvernemental L’Union n°14050 du 15 octobre. Notre confrère rapporte en effet que de multiples dysfonctionnements et des soupçons de détournements de fonds publics auraient été enregistrés entre 2001 et 2019.
Dans les faits, l’enquête pointe une gestion scabreuse des marchés municipaux depuis Paul Mba Abessolo en 2001, jusqu’à Rose Christiane Ossouka Raponda en 2019. Soit près de 20 ans de tripatouillages, de prises d’intérêts illégales et d’arrangements d’arrière boutique passés avec plusieurs opérateurs économiques. « L’enquête révèle un nombre important de dysfonctionnement, une prise d’intérêts, voire une concussion, dans les contrats passés avec les concessionnaires pour les marchés de Nzeng-Ayong, Nkembo, Akébé-Plaine, Mont-Bouet et du PK8 » peut-on lire chez l’Union, lequel cite les services de la mairie centrale de la capitale. Par ailleurs, il aurait été découvert que plusieurs grands groupes d’opérateurs économiques auraient obtenu des contrats de concession dans un espace de temps très court, poursuit l’Union. Toute chose qui aurait éveillé les soupçons des enquêteurs.
Point besoin de rappeler que la mairie de Libreville est réputée pour ses scandales financiers. L’on se souvient qu’en 2020, l’ancien maire de Libreville Léandre Zue avait été jeté en prison pour des faits supposés d’extorsion de fonds, de concussion et de corruption passive. C’est l’occasion de se demander si ses prédécesseurs le rejoindront à la prison centrale de Libreville si les soupçons de malversation dont-ils font l’objet sont avérés.
À titre d’exemple, Jean François Ntoutoume Emane, devenu opposant au régime, aurait été corrompu par des sociétés étrangères candidates à la construction du Grand Marché de Libreville. L’homme aurait même bénéficié d’un voyage de noce financé par la société Webcor ITP. Dans le même élan de lutte contre les détournements des deniers publics, en novembre 2021, trois conseillers municipaux de l’opposition avaient saisi la Cour des comptes pour faire la lumière sur les comptes de la mairie de Libreville entre 2018 et 2019, alors que près de 3 milliards de Fcfa avaient été volatilisés après le passage d’Ossouka Raponda, propulsée par la suite ministre de la Défense.
Maintenant qu’elle siège à la Primature, « la reine des Mpongwè » va-t-elle être remise à la disposition de la justice où va-t-elle, comme beaucoup d’autres, continuer à faire main basse sur les deniers publics en toute impunité ?