Bilie-By-Nze à la Primature: 100 jours après, l’essoufflement ?

Alain Claude Bilie-By-Nze, Premier ministre, Chef du gouvernement © DR

Libreville le 25 avril 2023 – (Dépêches 2023). Alain Claude Bilie-by-Nze vient de passer le cap des cent (100) jours à la tête du gouvernement. Un trimestre au cours duquel l’ancien ministre des Affaires étrangères a touché du doigt les contraintes liées à cette fonction hautement complexe. 100 jours du reste marqués par des sorties de pistes grossières et inconvenantes. Par des erreurs de communication rustres et ordurières qui ont davantage creusé le fossé entre lui et des populations courroucées par la stigmatisation dont ils font l’objet par ce dernier. Des erreurs qui ont, in fine, peut-être déjà compromis sa Primature. Loin de la sérénité affichée des débuts, le natif du canton Ntang-Louli donne l’impression de perdre pied et de s’essouffler dans cette fonction, à mi-chemin des échéances électorales futures, pourtant primordiales pour sa survie politique. 

Le 9 janvier dernier, celui qui a écumé plusieurs ministères depuis 14 ans avait finalement été nommé Premier ministre,  Chef du gouvernement. Son souhait de toujours, son objectif. L’émotion perceptible le jour de la présentation de son discours de politique générale était révélateur de cette réalité. Celui d’un aboutissement. L’aboutissement d’une carrière politique et d’une trajectoire atypique. Ce 24 janvier, devant les Parlementaires, l’ogivin avait décidé de placer son magistère à la Primature sous le sceau des trois (3) P comme Pragmatisme, Proximité et Patriotisme. Un triptyque séduisant dans la forme mais, qui manifestement tarde à prendre effet sur le fond, c’est-à-dire sur le terrain. La faute à une communication vaseuse et à un exhibitionnisme finalement dénués de pragmatisme. Les conseils interministériels ultra médiatisés, les réunions gouvernementales le samedi n’auront, en fin de compte, rien apporté de nouveau dans le quotidien des Gabonais. 

Bilie-By-Nze, c’est un fait, a toujours été présenté à tort ou à raison, comme étant un génie de la communication. S’il est une qualité, au delà de ses frasques, que les Gabonais ont toujours reconnu à l’homme politique, c’est son aisance dans la phrasée, son habileté dans l’art oratoire et sa capacité à communiquer de façon astucieuse, ingénieuse et parfois même malicieuse. C’est sans aucun doute, cette malice et cette prédisposition rare à transformer le faux pour du vrai qui lui ont permis de rester au gouvernement depuis l’accession d’Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême. C’est toujours cette qualité qui, sans conteste, a lourdement pesé dans la balance, au moment de remplacer Rose Christiane Ossouka Raponda, objectivement incompétente dans le domaine. Paradoxalement, c’est dans la communication, sa force prétendue, qu’Alain Claude Bilie-By-Nze déjoue, s’enlise en se perd en conjectures. 

Quand l’illusion d’un acquis vient plomber les objectifs d’une vision…  

Nul besoin de rappeler que la nomination de Bilie-By-Nze, Premier ministre du Gabon, portait en elle la promesse d’une communication fluide dans la conduite des affaires de l’Etat. Celle d’une communication responsable, républicaine et fédératrice. Une communication à la hauteur des attentes du président de la République, Chef de l’Etat. Tout le contraire de ce que sert actuellement l’ancien ministre des Sports. À rebours de cet espoir et probablement des attentes du numéro un Gabonais, Alain Claude Bilie-by-Nze s’illustre par une communication désastreuse et stigmatisante. 

Sa sortie sur la vie chère, en faisant un procès en sorcellerie aux populations gabonaises qu’il accuse d’être responsables de leur propre misère est une infamie et une crapulerie innommable. Une sortie de piste grossière qui donne une idée claire de l’inconsidération d’Alain Claude Bilie-by-Nze pour ses compatriotes. Rien dans les faits, ne saurait expliquer une telle déclaration émanant qui plus est, d’un Premier ministre, Chef du gouvernement. C’est une injure pour le peuple gabonais emprisonné dans une vie miséreuse du fait du régime qu’il défend et dont il fait partie.

Premier ministre d’un pays , on se doit d’œuvrer pour une république sociale et juste, avec pour ambition de participer au bien-être des populations tout en apportant des solutions aux problématiques sociétales. La fonction de chef de l’administration a des codes et des principes, la neutralité, la responsabilité et le patriotisme notamment. Bilie-By-Nze semble avoir revêtu le costume de Premier ministre dans un esprit tout sauf républicain, avec condescendance et irrévérence. Sans humilité, hauteur et rondeur. L’homme n’a pas fait la mutation et pour s’en convaincre il suffit de regarder son attitude dans un rétroviseur pour se rendre compte que c’est un coutumier du fait. 

Et sonner le glas de la déchéance d’une politique de communictaion malfaisante 

En décembre dernier, déjà vice premier ministre Alain Claude Bilie-by-Nze avait déclaré sans pudeur que c’est « l’espérance qui fait voter », et que par conséquent, le bilan importe peu. Une sortie à l’époque injurieuse et infantilisante car seuls des enfants arriérés peuvent gober une telle ignominie. Dans la même veine, récemment c’est en prélude de sa tournée dans l’Ogooué-Ivindo que le natif du canton Ntang-Louli avait réuni ses parents ogivins pour les inviter et les inciter à voter pour Ali Bongo en considération non pas de son bilan à la tête du Gabon mais essentiellement pour les postes de responsabilités octroyés aux fils et filles de la province. Une sortie, une nouvelle fois indigne d’un Premier ministre. 

À ces errements déjà effarants, viennent se greffer cette volonté de se poser en donneur de leçons et cette tendance maladive à la confrontation, comme lorsqu’il a rappelé de façon inélégante l’affaire du masque Galoa à l’honorable Séraphin Akure Davain en plein hémicycle. Une absence de hauteur, un écart de langage pour un homme qui n’est pourtant pas lui-même un exemple de probité et de moralité. Pour professer la vertu, il faut être irréprochable, le Premier ministre, Chef du gouvernement Alain Claude Bilie-By-Nze aurait mauvaise grâce de faire fi des infortunes et des initiatives blâmables dont il a été l’auteur et dont il a été reconnu coupable devant les hommes et devant l’histoire. L’histoire est têtue, les faits sont sacrés dit-on. 

À l’heure où le président de la République, fragilisé par la maladie, est en quête de sympathie à quelques mois de l’élection présidentielle, son Premier ministre dans sa communication se vautre dans une attitude clivante avec pour effet de cristalliser les tensions et le rejet des populations pour la politique du numéro un Gabonais. Alain Claude Bilie-By-Nze gagnerait à réviser sa posture, à revisiter ses classiques, à se mettre réellement à sa place, à faire la différence entre politique et politique politicienne mais surtout à apprendre à « tourner 7 fois sa langue avant de parler » au risque de vider de sa substance la fonction de Premier ministre et de se mettre dans une situation de conditionnement de l’échec.

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