Libreville, 08 mai 2023 – (Dépêches 241). Foudroyé par un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2018, le chef de l’État sortant, Ali Bongo Ondimba, a passé une grande partie de son second mandat à prendre soin de son état de santé, reléguant au second plan la gestion et le développement du pays. À quelques mois de la présidentielle, le fils d’Omar Bongo fait face à une équation presque insoluble. Celle de défendre un bilan quasi invisible.
Le chef de l’État sortant, Ali Bongo Ondimba, sera probablement candidat à sa succession lors du prochain scrutin présidentiel. Cela ne fait plus aucun doute. Ses sorties, ses déclarations, ses mots, manifestement choisis avec soins, font présumer cette réalité. Ce fut notamment le cas à Kango et à Ntoum où il a affirmé, « Tant que le travail ne sera pas achevé, je continuerai ». Le bilan de ce travail justement, pour le Gabon pendant 14 ans, c’est ce que va devoir présenter et défendre le président de la République. Du fil à retordre pour le fils d’Omar Bongo dont le mandat finissant est marqué par sa maladie.
Point besoin de rappeler que le chef de l’État est malade depuis 2018, victime d’un AVC qui a d’ailleurs fait vaciller son pouvoir. Longtemps resté tabou, ce sujet a été démystifié par Ali Bongo Ondimba Himself. Pendant ce discours, le numéro un gabonais a reconnu à demi avoir pris congé un moment des charges que lui confère sa fonction. Une période d’incertitude, au cours de laquelle la construction du pays et l’amélioration des conditions de vie des populations n’étaient pas érigées au rang des priorités.
Alors que retenir des sept dernières années du magistère d’Ali Bongo ? Combien de kilomètres de routes construites ? Combien de nouvelles d’écoles et d’universités ? Combien d’hôpitaux et de centres de santé ? Combien d’emplois créés lorsqu’on sait que le chômage des jeunes en particulier a atteint des proportions inquiétantes ? En sommes, après 14 ans , quel bilan peut réellement défendre Ali Bongo Ondimba ?
Cette question à notre sens ne peut avoir quelque pertinence que si elle vise à comprendre où nous en sommes collectivement, où se trouve le Gabon après 14 ans de gouvernance. Entre Guy Nzouba et ses valises pleines d’argent, des retraités précarisés, clocharidisés, les hôpitaux dans un état de décrépitude avancée, les étudiants de l’USTM passant des nuits dehors tels des SDF sous le regard apathique du ministre de L’Enseignement supérieur et le président de la République esquissant des pas de danse sous une pluie diluvienne à Port-Gentil, ou avec frénésie à Koulamoutou comme si tout allait pour le mieux pour lui, reste à méditer et à se demander s’il y a vraiment encore en ce pays, un pouvoir qui donne la direction..
Dans l’administration publique, l’intégration, le paiement du rappel solde, l’avancement automatique, la mise en stage, bref, toutes ces opérations qui rendaient convenable une carrière professionnelle sont quasiment bloquées, lorsqu’elles ne sont pas obtenues par le moyen de la corruption. Que dire des salaires et des retraites des nouveaux et anciens agents de cette administration qui ne se paient plus qu’en “pré”. Présalaires, préretraites, précarisation des citoyens, dirait-on simplement.
De même quel bilan faire sur le plan infrastructurel où tout ou presque est à faire ? Le réseau routier national qui piétine, les logements sociaux qui attendent toujours et les établissements scolaires auxquels personne ne pense plus réellement. Les ponts de Kango, les barrages hydroélectriques de Fée à Mitzic dans le département de l’Okano et de l’impératrice à Fougamou ne sont visiblement plus que de lointains souvenirs. Même la Transgabonaise, promesse de campagne naguère, n’est plus une certitude.
Quel bilan peut réellement défendre Ali Bongo Ondimba ? Rien de considérable à mettre à l’actif des émergents, sinon des détournements des fonds publics du temps du règne de la bande à Brice Laccruche Alihanga, finalement jetée en prison. De la prédation sauvage des deniers publics avec Magloire Ngambia un proche parmi les proches du chef de l’Etat qui s’est compromis en détournant des fonds destinés à la construction des bassins versants. Entre coup d’État manqué et guerre des chefs au sommet de l’État, le Gabon a traversé une période de grande tension.
Ali Bongo est donc contraint de résoudre une équation insoluble à quelques mois de la présidentielle. Il n’est donc pas surprenant que ses laudateurs les plus zélés comme son Premier ministre Alain Claude Bilie-by-Nze invite les populations à voter pour le fils d’Omar Bongo, non pas pour son bilan, mais pour une hypothétique espérance et pour des postes qui pourraient être offerts à ses proches