Libreville le 31 mai – ( Dépêches 241). À la faveur d’une interview accordée au média panafricain Jeune Afrique, le président de la République s’est livré comme rarement à un média étranger depuis son accident vasculaire cérébrale. À la question de savoir pourquoi les Gabonais devraient à nouveau lui accorder leur confiance, Ali Bongo Ondimba a annoncé avoir désormais « une volonté sans faille ». Une phase jugée inconvenante par plusieurs personnes dans l’opinion, qui trouvent indécente et maladroite une telle sortie du fils d’Omar Bongo Ondimba.
La communication de la présidence de la République serait-elle malade ? C’est la question en bon droit, que se pose une partie du landerneau politique gabonais. Depuis plusieurs mois et c’est un constat factuel, la communication du palais brille par une asthénie et une indigence effarante. Chacune des sorties du président de la République ou presque, sont toujours sujettes à caution, à débat. Et cette évidence s’est encore manifestée à l’occasion de l’interview donnée par Ali Bongo Ondimba au média panafricain Jeune Afrique dont Radio France International a pu se procurer quelques fragments.
Dans les colonnes du média créé à l’orée des indépendances par Béchir Ben Yahmed, le président de la République Ali Bongo Ondimba s’est exprimé, semble t-il à cœur ouvert. À quelques mois des futures élections présidentielles, l’homme sait qu’il sera lu, déchiffré, décrypté. La logique aurait donc commandé que cette communication soit soignée, perlée et méticuleuse. Hélas !
Le Président de la République au moment de s’étendre sur une question plus que fondamentale va, une nouvelle fois, dégoupiller. À la question Pourquoi les Gabonais devraient-ils voter pour vous ? Ali Bongo va répondre. « La vie m’a enseigné, entre autres leçons, une chose très importante : l’expérience est un atout énorme, surtout quand elle est couplée à la volonté… j’ai aujourd’hui une grande expérience et une volonté sans faille », a-t-on pu lire.
Le président de la République est un chef. Cette fonction exige une certaine posture. Une pertinence absolue dans ses prises de paroles, une prudence et une hauteur dans la teneur de ses propos qui exclut toute posture ordinaire d’une personnalité lambda. Formellement, que vaut une expérience quand l’histoire montre qu’on a bougrement échoué pendant 14 ans de gouvernance ? Quelle volonté peut-on trouver quand, pendant plus de 10 ans, on n’a trouvé ni l’énergie ni l’opiniâtreté nécessaire pour faire du Gabon « un pays fort » ? Quel crédit peut-on accorder à de telles déclarations ? En réalité, aucun.
En 14 ans de règne, Ali Bongo n’a pas trouvé la volonté de construire de nouvelles Universités ou d’améliorer le fonctionnement de l’unique université du pays dont les grèves légitimes et incessantes paralysent les études des étudiants. Que dire de l’université d’Oyo, promise avec solennité au Gabonais ? Un mirage, un mensonge d’Etat. Un de plus, un de trop.
En 14 ans de pouvoir, Ali Bongo a été incapable de doter le Gabon des Hôpitaux modernes de dernière génération. Nos structures sanitaires sont des mouroirs. En 14 ans de gouvernance, le fils d’Omar Bongo n’a pas eu la volonté de gratifier le Gabon d’un réseau routier moderne. La Transgabonaise est un leurre. Le chemin de fer est défectueux et accidentogène. L’aéroport Léon Mba indigne d’une capitale politique ressemble à un aérodrome et le Gabon n’a toujours pas de compagnie aérienne. Le chômage est galopant. Les retraités sont gazés au lieu d’être payés. Bref, nul besoin de rappeler que le fiasco du double septennat d’Ali Bongo Ondimba est abyssal. Mieux, insondable.
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Conseillé par ses communicants, Ali Bongo accumule les gaffes, les maladresses et se vautre dans les gaucheries à l’image de sa sortie dans la Moyen-Ogooué où il n’a rien trouvé d’autres comme résolution, que celle de se transformer en surveillant de son gouvernement. À l’instar de l’annonce de la construction d’un nouveau lycée Technique à Lambaréné quand plusieurs universités annoncées n’ont jamais été livrées.
Conseiller au Chef de l’Etat des approches si peu crédibles à l’approche des présidentielles, c’est faire admettre et prospérer l’idée non usurpée qu’Ali Bongo Ondimba n’a plus rien à proposer au Gabonais. Et la communication présidentielle aura participé à entériner cette lapalissade.