Libreville, le 16 août 2023 – (Dépêches 241). Nostalgique de ses années de collaboration avec Ali Bongo au ministère de la Défense nationale, Gervais Oniane, candidat à la présidentielle, est « l’opposant qui s’oppose aux opposants » et qui défend avec véhémence et enthousiasme les décisions favorables au camp du pouvoir prise au détriment du peuple gabonais. Une posture qui donne des raisons d’y voir le parfait infiltré au service du pouvoir.
Il est à la tête d’une formation politique qu’il positionne au centre. Ni à la majorité, ni à l’opposition. Mais dans les faits, Gervais Oniane, président de l’Union pour la République, candidat à la présidentielle du 26 août, cache mal sa volonté de rejoindre le camp présidentiel. C’est d’ailleurs l’objectif ultime de sa formation politique créée en septembre 2021.
« Je ne suis pas de la majorité présidentielle, comme vous le savez, parce que la majorité présidentielle a son candidat naturel. Au moment de la création de mon parti, j’ai annoncé le 18 septembre 2021 que ce parti avait un objectif bien clair. La prise du pouvoir, ou le partage du pouvoir », a-t-il indiqué lors de son passage à l’émission 52 minutes pour convaincre de Gabon 24.
En effet, Gervais Oniane, ancien collaborateur d’Ali Bongo Ondimba du temps de son passage au ministère de la Défense nationale, ne compte pas s’opposer à celui qu’il considère comme son « frère ». Il ne souhaite pas non plus s’associer aux « opposants de carrière », précise-t-il. Convaincu en effet que le fils d’Omar Bongo sera déclaré vainqueur au soir de la présidentielle. « Un président en exercice n’organise pas une élection pour la perdre », a-t-il déclaré. Des propos qui légitiment la fraude électorale. Indignes d’un candidat à la présidentielle qui plus est place son action politique sous le label « Gabon d’abord ».
Si le jeu démocratique octroie le droit à quiconque, l’attitude singulière d’avoir de la sympathie pour un candidat contre lequel on s’oppose pourtant, l’attitude de Gervais Oniane intrigue en ce qu’il s’est érigé en un candidat « opposant qui s’oppose aux opposants ». Et ses diatribes malodorantes, curieusement, sont essentiellement dirigées contre Hugues Alexandre Barro, le candidat le plus redouté par le pouvoir en place.
On peut en toute objectivité émettre l’hypothèse selon laquelle Gervais Oniane ressemble en tous points au parfait infiltré. Un cheval de troie au service du régime actuel qu’il n’ose même pas combattre lors de ces échéances électorales. « Si Ali Bongo parvient à rester président, moi Gervais Oniane, avec tous les partis qui sont autour de moi, je ferai tout pour arriver 2ème à cette élection présidentielle », ressasse-t-il.
Une ambition clairement illusoire pour un homme dont le poids politique reste à démontrer. Faut-il le rappeler, comme pour toutes élections se jouant à un tour, des arrangements d’arrière boutique sont légion. Dans les jours qui viennent, d’autres candidats moins ambitieux pourraient en effet répondre aux sirènes du pouvoir.
