Affaire des audios: En prêtant à la France des velléités de déstabilisation du Gabon, Ella Ekogha et Freddy Khoula ont-ils ouvert la boîte de pandore ? 

Par le biais de ses porte-paroles Ali Bongo prend t-il ses distances avec la France ?? © montage Dépêches 241

Libreville, le 22 août 2023 – (Dépêches 241). Quelques heures après la diffusion d’un audio non authentifié du candidat consensuel Albert Ondo Ossa et d’Alexandre Barro Chambrier, par ailleurs diffusée sur la télévision Nationale, les porte-paroles d’Ali Bongo Ondimba, en l’occurrence Freddy Khoula et  Jessy Ella Ekogha se sont empressés, sans preuve aucune, de jeter l’anathème et l’opprobre sur la France. Citant nommément le président Emmanuel Macron, ces derniers, au mépris de la relation historique qui unit les deux pays, ont grossièrement accusé la mère patrie de velléité de déstabilisation du pouvoir de Libreville, à quelques heures du scrutin présidentiel. 

Grossière erreur de communication, tentative de manipulation assumée, bêtise innommable, simple volonté zélée de plaire au prince ou faits avérés ? Ce sont là quelques questions, qui légitimement, peuvent émerger après les sorties ubuesques de Jessy Ella Ekogha et Freddy Khoula Moussavou, du reste portes-paroles du candidat PDG Ali Bongo Ondimba, au lendemain de la polémique sur la supposée conversation entre Albert Ondo Ossa, candidat consensuel de l’opposition et Hugues Alexandre Barro Chambrier, ex postulant à la magistrature suprême lequel s’est désisté au profit du précédent. 

Hier en début de soirée, un audio mettant supposément en scène le président du RPM et Ondo Ossa est apparu. Dans cette note vocale, on peut écouter deux hommes prétendument présentés par le régime comme les deux personnalités citées, discuter sur les stratégies de prise de pouvoir, et sur des propositions de poste une fois arrivé au palais présidentiel. 

Il n’en fallait plus pour que les porte-paroles du président sortant Ali Bongo Ondimba, se saisissent de cette affaire exacerbée par un média national, pour se vautrer dans des affirmations gratuites, allant jusqu’à pousser le vice à leur paroxysme en indexant le partenaire historique qu’est la France, tout en faisant peser sur son président des velléités d’ingérence. « Gravissime ! Extrait d’une note qui circule sur un échange (très inquiétant) entre Ondo Ossa et Barro Chambrier. Les 2 hommes évoquent la possibilité d’un soulèvement des populations et d’une déstabilisation du pays avec « l’aide » de EmmanuelMacron et Ouattara », a écrit Freddy Khoula Moussavou sur son compte Twitter. 

Dans le même temps, c’est le conseiller en communication du président sortant,  porte-parole de la Présidence de la République qui va y aller de son tweet. « Un audio qui fait froid dans le dos … À l’occasion des élections, plutôt que de se battre projet contre projet, de faire valoir leurs idées, certains candidats (M. Albert Ondo Ossa) et leurs soutiens (M. AB Chambrier) préfèrent évoquer les moyens de fomenter un soulèvement populaire, de susciter l’intervention de puissances étrangères, sans compter des négociations prématurées sur un partage des postes (“à toi le poste de n°1, à moi le poste de n°2”). Une bien piètre image de la vie politique et un vrai danger pour notre démocratie ! », a déclaré Jessy Ella Ekogha. 

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Si les deux hommes en qualité de porte-parole, sont dans un exercice qui leur confère ce droit, et qui en sus répond parfaitement à leurs prérogatives, celles-ci commandent tout de même une certaine rigueur qui plus est, pour des communicants supposément aguerris. L’audio diffusé hier sur les antennes de la télévision nationale, bien que manifeste, ne donne aucune garantie sur l’authenticité de celui-ci et par ricochet sur la véracité des propos qui y sont tenus dans un univers où, avec l’intelligence artificielle toutes les manipulations sont possibles.

L’approche des portes paroles d’Ali Bongo Ondimba paraît ainsi très maladroite au regard de la teneur des propos d’une particulière gravité avancés par les deux hommes. Lesquels, sans cligner des yeux, sans pudeur aucune, veulent induire prématurément l’opinion en erreur en mettant en conflit deux pays aux relations diplomatiques historiques et solidement ancrées, quand bien même, l’audio querellé, pourrait porter en lui tous les atours d’un grossier montage.  

L’ont-ils fait de façon délibérée pour faire plaisir au candidat président Ali Bongo Ondimba, en méprisant par ailleurs, les conséquences que de telles accusations peuvent générer entre le Gabon et la France ? S’agit-il d’une manipulation de masse en ce que cette sortie leur a été commandée ? Les relations se sont t-elles refroidies entre Libreville et Paris poussant le régime d’Ali Bongo Ondimba à faire poindre l’idée d’une rupture ? 

Si pour l’heure, seules des interrogations peuvent être formulées, les déclarations tendancieuses de Freddy Khoula Moussavou et de Jessy Ella Ekogha portent peut-être en leur sein une réalité. Car en prenant le risque d’accuser publiquement la France d’une ingérence pour laquelle le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba s’est pourtant toujours accommodé, les deux hommes ont laissé poindre ou laisser prospérer l’idée que les lignes diplomatiques ont bougé dans un sens défavorable au régime entre le Palais de Bord de Mer et Celui de l’Elysée. 

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