Transition: polémique autour de certaines nominations aux allures de « copains-coquins »

Les nominations du président de la transition ne sont pour l’heure pas en phase avec les populations qui y voient une antinomie avec sa volonté de mettre un terme aux arrangements de copains et coquins ©montageDépêches241

Libreville, le 4 octobre 2023 – (Dépêches 241). Jeudi dernier, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a présidé son second Conseil des ministres. Cette table ronde a entériné plusieurs mesures individuelles, objet depuis quelques heures d’une levée de boucliers, d’une partie de l’opinion publique qui voit dans ses nominations le spectre de l’ancien régime, d’autant que les précédentes nominations à la tête des différentes institutions toute autant que celles du conseil des ministres interpellent outre mesure. 

Le 30 août dernier, des militaires réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions, avaient décidé de renverser le régime d’Ali Bongo Ondimba pour mettre un terme à la dernière forfaiture électorale, mais surtout à la gabegie et aux malversations financières qui avaient cours dans le pays. « L’élection générale du 26 août 2023 n’a pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais. À cela s’ajoute, une gouvernance irresponsable qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale (…). Ce jour, nous Forces de défense et de sécurité réunies au sein du CTRI, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place » avait déclaré le Colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi. 

Ce message fort avait logiquement suscité chez les Gabonais, l’espoir d’un changement, qui devait se traduire par l’émergence de nouveaux acteurs politiques, en même temps qu’une reconfiguration de la haute administration. Que nenni, plus que le 9 septembre, Raymond Ndong Sima, nommé Premier ministre 3 jours plus tôt, avait annoncé un gouvernement constitué d’une dizaine de ministres issus du Parti Démocratique Gabonais, symbole de la mauvaise gouvernance qui a déstructuré l’économie, au cours des 14 dernières années. Mieux, le dernier Conseil des ministres du 28 septembre a entériné les promotions de certaines personnalités, soupçonnées d’avoir participé aux détournements de deniers publics en compagnie des membres de la tristement célèbre Young team

Des personnalités sur qui pèsent en outre des soupçons de complicité active ou passive pour avoir cautionné et organisé la forfaiture au sommet de l’Etat. Franck Yan Koubdje, ancien directeur général de la comptabilité publique, est connu de notoriété publique comme un proche de la Young Team. Mieux, il semble désormais acquis que plusieurs infractions et crimes financiers reprochés à Ian Ghislain Ngoulou et sa bande n’auraient pas pu prospérer sans la caution morale et la participation du trésor public et de celui qui est actuellement conseiller du président de la Transition. 

Dans la même veine, la nomination de Fabrice Andjoua Bongo Ondimba à la tête de la direction générale de la concurrence et de la consommation fait tache. Car ce dernier n’aurait pas brillé par sa rigueur à la Direction générale du budget. Auquel cas, des détournements, blanchiment de capitaux et recel de fonds n’auraient pas pu atteindre les proportions dont a fait état le CTRI. Jean François Ndongou ancien ministre de l’Intérieur promu président de l’Assemblée Nationale nonobstant son passif de 2009 ou encore Landry Bongo Ondimba promu PCA de la Gab’Oil, autant de nominations controversées qui font polémique. Une approche aux antipodes des dénonciations faites par Oligui Nguema himself dont les propos en dernier ressort sont décalés des actes. 

Une situation qui a suscité de vives critiques de plusieurs acteurs de la société civile et autres acteurs politiques, lesquels ont dénoncé le retour aux affaires de ceux qui, selon eux, ont détruit le pays. « Soutenir qu’il n’est pas possible de réformer le pays sans faire appel aux pédégistes est une insulte aux Gabonais » a pesté Anges Kevin Nzigou sur les antennes de TV+ Afrique. Un point de vue toutefois relativisé par d’autres responsables politiques qui soulignent que la transition doit être inclusive et rassembler tous les Gabonais. 

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